C’est le premier sondage depuis la désignation de Valérie Pécresse. La candidate LR fait une percée de 7 points pour l’Ifop dans le Figaro. Cela change-t-il la donne de la présidentielle ? C’est en tous cas spectaculaire, même s’il faut préciser plusieurs choses.
La présidentielle est désormais jouable pour la droite
Le premier point, c’est que Valérie Pécresse partait de très bas. Plus bas que Xavier Bertrand qui n’est plus testé. Valérie Pécresse était à 10 %, elle passe à 17 %. Deuxième point, une telle percée est fréquente dans l’élan d’une primaire gagnée. François Fillon, qui lui aussi était un outsider, avait gagné 10 points d’un coup. Et même Benoît Hamon avait tangenté les 18 % après sa désignation par le PS. On connaît la suite. Troisième point enfin, ce sondage a été réalisé après l’annonce du résultat à LR samedi, mais avant le meeting d’Eric Zemmour dimanche après-midi. Zemmour y perd 2 points à 13 %. Gageons que ce meeting, qu’il a réussi, le fera remonter.
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Tout ça pour dire, et on ne le répétera jamais assez, qu’un sondage n’est qu’une photo à un moment précis qui ne permet en rien de présumer de la suite du film. Mais il n’empêche, le niveau de cette percée est en soi un évènement politique qui oblige à regarder différemment la campagne, et pour commencer bien sûr celle de la droite. La présidentielle est désormais jouable pour la droite.
Au premier tour d’abord. Jusque-là tous les prétendants LR, et Valérie Pécresse la première semblaient condamnés à faire de la figuration. Derrière Le Pen, derrière Zemmour. Désormais la qualification au second tour est une hypothèse sérieuse puisque, à ce jour, la présidente d’Ile-de-France, à 17 %, est au même niveau que la présidente du RN.
C’est Valérie Pécresse elle-même, et pas les sondages, qui peut et doit créer un élan qui ne soit pas éphémère
Plus encore que ceux du premier tour, il faut prendre avec des pincettes les sondages des second tour qui, par définition, ne sont encore que des constructions théoriques. Selon ce sondage, Valérie Pécresse affiche 48% d’intention de vote contre 52 à Emmanuel Macron, ça veut dire qu’il n’est pas invincible. Mais la valeur de ce sondage n’est pas arithmétique, et encore moins prédictive. La valeur de ce sondage est psychologique. Sur les militants, sur les électeurs et sur les dirigeants de la droite. Avec ce sondage, ils vont commencer à y croire. La certitude de perdre entraînait la résignation des sympathisants et la division des dirigeants. La perspective de la victoire, même fragile, même provisoire, même lointaine créée un cercle vertueux. A savoir la mobilisation des militants, et l’esprit collectifs des chefs à plume qui voient aussi ce qu’une possible victoire peut leur rapporter. Mais cela aussi reste théorique et fragile. C’est Valérie Pécresse elle-même, et pas les sondages, qui peut et doit créer un élan qui ne soit pas éphémère. C’est son défi des semaines, et même des jours à venir.
Guillaume Tabard