Auront-ils ou non leurs parrainages, obligatoires pour présenter sa candidature à la présidentielle ? la question se pose pour Eric Zemmour, Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon. Y-a-t-il un vrai risque pour eux ou jouent-ils à se faire peur ?
Eric Zemmour n’a pas de réseaux d’élus derrière lui
Le risque est bien réel. Rappelons que si Jean-Luc Mélenchon a pu être candidat en 2017, c’est que parce les élus communistes le parrainaient, or cette fois le PC a son candidat, Fabien Roussel. Concernant Marine Le Pen, les derniers scrutins locaux ont été mauvais pour le RN, qui a perdu beaucoup d’élus. Et concernant Eric Zemmour, le candidat de Reconquête !, il n’y a pas besoin de préciser qu’il n’a pas de réseaux d’élus derrière lui. Donc oui, il y a un doute sur leur capacité à être sur la ligne de départ. Mais disons-le clairement, ce n’est pas un risque pour eux uniquement, ce serait à proprement parler une catastrophe démocratique. On peut ne pas aimer ces candidats, voire les combattre mais personne ne peut nier leur poids dans l’opinion. Rappelons que Mélenchon et Le Pen, à eux deux représentaient 40 % des suffrages exprimés en 2017. Si même un seul d’entre eux était empêché d’être candidat, non seulement ce serait un déni de démocratie, mais cela pèserait sur la représentativité réelle du vainqueur de cette présidentielle.
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Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a pourtant dit qu’on ne changerait pas les règles à quelques semaines du scrutin. C’est tout le problème. A chaque présidentielle, le sujet revient sur la table. Tout le monde dit : il faut changer les règles, mais on ne peut pas le faire à chaud. Et une fois l’élection passée, on passe à autre chose. C’est évident qu’on ne va pas repenser tout le système des parrainages maintenant. Mais deux choses sont possibles : rétablir l’anonymat de ces parrainages qui avait été instauré sous François Hollande. Ça peut être décidé à l’Assemblée en une heure. Et autre solution : que des personnalités reconnues envoient une sorte de signal pour rappeler aux maires que parrainer, ce n’est pas soutenir, c’est juste permettre d’être candidat. C’est ce qu’a fait hier Gérard Larcher le président du Sénat, par exemple.
Le RN, LFI, Les écologistes, Eric Zemmour ont du mal à exister à l’échelle locale
Peut-on vraiment convaincre les Français si on n’est pas déjà capable de convaincre 500 maires sur un total de 35.000 ? C’est ce que dit Anne Hidalgo par exemple. « C’est qu’ils ne le méritent pas. Tant pis pour eux », a dit la maire de Paris. C’est assez cocasse qu’elle dise ça du haut de ses 4 % d’intentions de vote dans les sondages. Mais aujourd’hui, il y a des forces politiques qui pèsent nationalement mais qui ont du mal à exister à l’échelle locale, notamment en raison des modes de scrutin. C’est le cas du RN, de LFI, des écologistes, ou de Zemmour maintenant. Vous avez à l’inverse des partis devenus résiduels, le PC, le Parti Radical qui gardent des réseaux d’élus locaux. L’idée de base de la Constitution c’est de mettre un filtre pour que le nombre de candidatures reste raisonnable et qu’elles soient suffisamment représentatives, ce n’est pas d’imposer une sorte de suffrage universel indirect. Voilà pourquoi on peut penser qu’un parrainage citoyen serait plus juste. Là, ça paraît trop tard mais méfions-nous : les catastrophes démocratiques, c’est comme les catastrophes naturelles ; on ne s’en inquiète pas tant qu’elles ne se sont pas produites.
Guillaume Tabard