Qui aurait misé un euro sur Michel Barnier il y a quelques semaines ? En page 6 du Parisien-Aujourd’hui en France, il est le favori surprise du prochain congrès des Républicains. Le négociateur européen du Brexit gagne progressivement du terrain auprès des militants.
Michel Barnier : «Je pense sincèrement que je vais gagner le congrès et la présidentielle »
Le Monde raconte cette anecdote vendredi à Saverne dans le Bas-Rhin. Barnier visite une brasserie. Les salariés lui lancent un regard interdit, le candidat à la candidature LR comprend qu’il doit se présenter.« Je suis Michel Barnier, candidat à la présidence de la République », dit-il, face à des interlocuteurs qui écarquillent les yeux et s’esclaffent « ah bon, c’est pas Zemmour le candidat ? ». Ce moment de solitude en dit long sur ces campagnes que les sondages croient avoir plié avant qu’elles n’aient eu lieu. Et le Huffington Post s’interroge : Michel Barnier peut-il vraiment passer du statut d’outsider à celui de favori du congrès LR ?
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« Je pense sincèrement que je vais gagner » lance Barnier début octobre devant des militants, et il ajoute « gagner le congrès et la présidentielle ». Et ce ne sont pas les sondages qui vont désigner le candidat. Et le plus curieux, c’est ce qu’en dit la presse internationale. Le Times le prend au sérieux. Pour le Daily Express, c’est Macron qui s’en méfie. Pendant ce temps là, l’Opinion met Zemmour à la une, et pose cette question Macron est favori mais face à qui ? Et tandis que partout dans vos journaux depuis des semaines il est question d’Eric Zemmour, les militants LR observent le négociateur européen du Brexit gagner du terrain. Mieux, voilà qu’on lui reproche de n’avoir pas réglé sa cotisation en 2019. Cela pourrait bien vouloir dire qu’il est désormais une menace pour un Xavier Bertrand ou une Valérie Pécresse qui avaient quitté le parti, eux.
Michel Barnier, 4 fois ministre, 2 fois commissaire européen, négociateur du Brexit coche toutes les cases
Et les militants LR y croient. Paroles de militants dans le Parisien-Aujourd’hui en France : « Il a la gueule de l’emploi », « il est resté fidèle à sa famille politique », « rassembleur, chef d’équipe, ouvert au dialogue », « C’est pas un excité ». Un député confie au Monde que Barnier coche toutes les cases : « conseiller général à 22 ans, 4 fois ministre (Environnement, Affaires européennes, Affaires étrangères, Agriculture) 2fois commissaire européen, négociateur du Brexit et organisateur des JO d’Albertville ». Et je vous invite à lire l’édito de François-Xavier Lefranc rédacteur en chef du 1er quotidien régional français hier dans Ouest-France. Ouest-France ne fera plus de sondage avant l’élection pour se concentrer sur les programmes annonce le journal, décision saluée ce matin par Anne Hidalgo qui sait de quoi elle parle en matière de mauvais sondages.
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Et voilà comment Francois-Xavier Lefranc justifie la diète sondagière de son journal : « le temps passé à commenter les sondages détourne les personnalités politiques et les médias de l’essentiel, la rencontre avec les citoyens, l’échange approfondi, le débat d’idées, l’écoute de ce que vivent les gens au quotidien, de leurs inquiétudes, de leurs espoirs. L’obsession sondagière empêche les uns et les autres d’écouter la diversité du pays, de ses habitants, de ses territoires. Elle nous berce d’illusions et nous aveugle. Elle nous fait prendre des vessies pour des lanternes ». Et ce sont peut-être ces mêmes sondages qui empêchent de prendre Barnier au sérieux, les sondages qui occultent l’intérêt des militants LR pour le candidat que certains trouve ennuyeux, pas bon dans les débats et les petites phrases, incapable de faire le buzz avec deux Z comme Zemmour. Contre les sondages qui enjambe volontiers le congrès LR pour le placer derrière ses concurrents Barnier pourrait bien être la surprise de ce congrès LR, une sorte de Sandrine Rousseau qui gagne.
David Abiker