La cinquième vague est là. Le gouvernement a pris des mesures pour renforcer vaccination et gestes barrières, tout est fait pour éviter le retour aux fermetures et aux jauges, mais les états-majors des candidats à la présidentielle s’inquiètent.
Nicolas Sarkozy aurait-il raconté ce petit Français de sang mêlé avec la même éloquence s’il avait eu face à lui un public masqué n’occupant qu’une chaise sur deux ?
Une élection présidentielle, ce sont des bains de foule, des poignées de mains, des candidats qui embrassent les bébés à la chaîne, des meetings géants avec 20 000 personnes en délire pour acclamer leur champion. Des cris, des chants, des rires et des larmes, c’est la vie politique qui exulte, et au fond c’est la vie tout court. Tout ce que ce damné virus adore entraver. Une campagne électorale ce sont des idées qui se confrontent, mais aussi des démonstrations de force, avec des militants qui font masse… Et qui peuvent faire basculer la situation politique comme lorsque François Fillon avait rassemblé des dizaines de milliers de personnes place du Trocadéro alors que tout le monde dans son camp voulait qu’il renonce. C’est la foule qui lui avait permis de se maintenir.
A lire aussi
Et les discours qui ont marqué les campagnes : Nicolas Sarkozy aurait-il raconté ce petit Français de sang mêlé avec la même éloquence s’il avait eu face à lui un public masqué n’occupant qu’une chaise sur deux ? Une campagne présidentielle sous Covid c’est le cauchemar de tous les candidats sans exception. Des électeurs l’esprit ailleurs, des oppositions parfois à la peine pour se faire entendre face à une communication de crise gouvernementale qui, de facto, écrase tout, et un sujet, l’épidémie, tellement anxiogène, qu’il empêche de débattre du reste.
La très grande différence avec les municipales et les régionales ? Le vaccin et le pass sanitaire sont là
Tous espèrent une campagne la plus normale possible mais aucun responsable ne pense qu’elle pourra se dérouler aussi librement que les précédentes. « L’angoisse ! » s’est écrié un élu, lieutenant de l’un des candidats à la présidentielle lorsqu’il a vu réapparaître le visage du directeur de la santé Jérôme Salomon à la télévision. La très grande différence avec les municipales et les régionales ? Le vaccin et le pass sanitaire sont là. Certes le conseil constitutionnel a dit qu’il ne pouvait pas être rendu obligatoire pour les réunions politiques mais rien n’empêche les candidats d’y avoir quand même recours. Ce sera par exemple le cas lundi à la Mutualité pour le meeting de lancement de la maison commune de la majorité. S’il peut permettre à la campagne de se dérouler le plus normalement possible, même masqués, ce sera déjà ça. La présidentielle aura son premier tour, son second tour et sa troisième dose. Qui plus est le gouvernement a à cœur de tout mettre en œuvre pour ne pas avoir à recourir aux jauges voire aux interdictions de grands rassemblements. Macron n’a aucune envie de faire campagne sous la menace du Covid, ses opposants non plus.
David Doukhan