Présidentielle 2022 : Jean-Michel Blanquer est-il écarté de la campagne en coulisse ?

Jacques Witt/SIPA

Les vacances de Jean-Michel Blanquer à Ibiza entre Noël et le Jour de l’An ont continué d’agiter la classe politique. Le ministre de l’Education nationale y a annoncé le nouveau protocole sanitaire, créant une polémique, mais derrière cette affaire se cache peut-être une tentative de mise à l’écart au sein même de la Macronie.

Jean-Michel Blanquer « dérange », notamment en raison de sa prise de position contre les dérives du Wokisme

Le journaliste politique Bruno Jeudy et Nicolas Barré, directeur de la rédaction des Echos, étaient les Esprits Libres ce mercredi 19 janvier sur Radio Classique. Revenant sur les déboires de Jean-Michel Blanquer, ils assurent que le ministre de l’Education nationale est un « bouc émissaire ». Il a d’ailleurs lui-même employé ces termes sur TF1, où il a regretté « la symbolique de ces vacances » à Ibiza, un lieu associé à la fête. Ce sentiment d’être un bouc émissaire est certainement justifié, selon les éditorialistes de Radio Classique : « on comprend sa rage », souligne Bruno Jeudy. Parmi les griefs de ses détracteurs, selon Nicolas Barré : la volonté de Jean-Michel Blanquer de maintenir l’école ouverte pendant toute cette période. « Ça ne plaisait pas à tout le monde », précise-t-il, « notamment certains syndicats enseignants ». Autre élément qui a pu déclencher cette hostilité, sa capacité « à mettre les pieds dans le plat en ce qui concerne l’idéologie woke, il a été le premier à dénoncer des dérives de ce type », indique Nicolas Barré, estimant qu’« il dérange ».

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Jean-Michel Blanquer a notamment participé au colloque début janvier à la Sorbonne, organisé par une cinquantaine d’universitaires pour dénoncer le wokisme dans la société française et l’université. Pour le directeur de la rédaction des Echos, « c’est quelqu’un qui vient de la société civile, qui n’a pas eu peur de de mettre les pieds dans le plat sur ce sujet, et c’est aussi sans doute une des raisons pour lesquelles il est ciblé d’une manière aussi violente ». Il assure également qu’en cette campagne présidentielle, derrière lui, on vise Emmanuel Macron. Est-il d’ailleurs très fragilisé ? Pour le journaliste politique Bruno Jeudy, le ministère de l’Education nationale est « une administration extraordinairement difficile à diriger, et il a réussi à y tenir cinq ans ». Il explique également que Jean-Michel Blanquer n’est pas candidat pour un deuxième mandat à ce poste, en cas de réélection d’Emmanuel Macron. Pourtant, juge-t-il, celui-ci présente un bon bilan : « Depuis déjà quelques semaines, au fur et à mesure que la campagne d’Emmanuel Macron se prépare, on sentait bien que plusieurs mettaient de côté Jean-Michel Blanquer. En coulisses, il n’est pas vraiment associé à ce qui se prépare ». Selon lui, le ministre est donc aussi critiqué en interne par d’autres membres du gouvernement. Nicolas Barré estime quant à lui que « la violence de la charge dont il est la cible est à la hauteur de l’ampleur du déni dans lequel se trouve l’institution de l’éducation nationale ».

Béatrice Mouedine

 

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