Bernard Spitz, président du collectif Les Gracques, était l’invité de Renaud Blanc ce vendredi 12 novembre sur Radio Classique. Il publie en cette période de pré campagne électorale « Le manifeste de la dernière chance » chez Albin Michel, un livre de propositions pour « redonner de la force à la démocratie ».
Selon Bernard Spitz, il faut lancer les réformes fondamentales, les plus difficiles, dans les 100 premiers jours du mandat
Les Gracques, le think tank présidé par le haut-fonctionnaire Bernard Spitz, plaide pour prendre des mesures sociales tout en s’appuyant sur l’efficacité du marché. Une position qui a naturellement guidé ses membres vers Emmanuel Macron en 2017 : « nous avons été les premiers à soutenir sa démarche : sa promesse et sa personne nous paraissait répondre à cette ambition », souligne Bernard Spitz. Toutefois en cette fin de mandat, l’heure est au bilan de cet « étrange quinquennat », selon l’expression utilisée dans son livre : « il y a des choses qui ont très bien marché, d’autres qui n’ont pas marché, nous livrons un bilan objectif », poursuit le haut fonctionnaire.
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L’une des conclusions de ce manifeste est qu’il faut lancer les réformes fondamentales, les plus difficiles, dans les 100 premiers jours du mandat. Bernard Spitz explique que « ce que vous ne faites pas tout de suite, quand vous avez la majorité, vous ne le ferez plus ensuite », citant l’exemple de Mario Draghi en Italie. En ce qui concerne la France, le président des Gracques, appelle à un « pacte intergénérationnel : réforme des retraites, et réforme pour les jeunes ». Il pointe la réforme des 60 ans qui « nous met en décalage avec les autres pays occidentaux ». Le collectif propose un âge pivot à 64 ans, et une retraite minimale à 1000 euros, d’ailleurs annoncée par Emmanuel Macron en août dernier.
On peut « améliorer le service public tout en réduisant le nombre de fonctionnaires grâce aux nouvelles technologies »
Au sujet des fonctionnaires, Bernard Spitz assure qu’on peut « améliorer le service public tout en réduisant le nombre de fonctionnaires grâce aux nouvelles technologies », et plaide pour que l’état soit « comme une plateforme efficace, et pour donner à chaque Français une identité numérique ». Autre proposition des Gracques : un président élu pour 6 ans avec des élections législatives tous les 3 ans. Un nouvel équilibre « nécessaire », selon le collectif pour « redonner de la force à la démocratie ». Enfin, ils prônent aussi un rééquilibrage entre l’état central et les territoires : « la France souffre de n’être ni un pays décentralisé -l’état s’occupe de tout-, ni un pays vertical, avec un mille-feuilles de collectivités locales », explique Bernard Spitz, ajoutant que « c’est le pire des deux mondes ! ». Il estime que des législatives à mi-mandat permettraient de confirmer ou changer l’impulsion démocratique, de pacifier le pays. « Pas besoin de sortir dans la rue », poursuit-il, « on va pouvoir s’exprimer démocratiquement dans un délai raisonnable ».
Béatrice Mouedine