Présidentielle 2022 : Après avoir quitté Les Républicains, Renaud Muselier prendra-t-il sa carte chez LREM ?

Yann Bouvier / Wikimedia Commons

Chez Les Républicains, en à peine 24 heures, Renaud Muselier a annoncé son soutien à Xavier Bertrand. Celui-ci l’a refusé et le président du Conseil général de PACA a démissionné du parti. Comment comprendre cet imbroglio ?

Renaud Muselier avait fait alliance avec LREM, à la grande fureur de ses voisins LR

Pour le comprendre, il faut revenir aux régionales il y a cinq mois. Sortant LR en Paca, Renaud Muselier avait fait alliance avec LREM, à la grande fureur de ses voisins locaux Éric Ciotti et David Lisnard qui avaient réclamé le retrait de son investiture. On connaît la suite, Renaud Muselier avait finalement été réélu avec cette liste d’union. Mais des traces et des blessures sont restées.

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Si bien que tout en annonçant son soutien à Xavier Bertrand, il en a profité pour poursuivre David Lisnard et surtout Eric Ciotti de sa vindicte, qualifiant le député de Nice, également candidat à la primaire, de « faux nez de l’extrême-droite ». Des accusations jugées « inacceptables » aux yeux du patron des Hauts-de-France qui a donc refusé le soutien de son homologue du Sud. Dans toute élection, il ne faut jamais oublier le corps électoral. Ici, en l’occurrence, ce sont les adhérents des Républicains. Des adhérents LR très remontés contre l’alliance conclue par Muselier avec les macronistes dans le dos du parti. Des adhérents sensibles au discours d’une droite assumée, décomplexée, tenu par un Éric Ciotti qui est, de l’avis général, la révélation de cette campagne interne.

Valérie Pécresse et Michel Barnier aussi ont eu des mots très forts pour défendre Éric Ciotti

Pour le dire autrement : il y a des soutiens reçus qui ne rapportent pas de voix, voire qui en coûtent. Et des soutiens exprimés qui eux peuvent en rapporter, notamment au second tour. Voilà pourquoi Xavier Bertrand a refusé le parrainage de Renaud Muselier et exprimé un appui très net à Eric Ciotti. Valérie Pécresse et Michel Barnier ont eux aussi eu des mots très forts pour défendre le député de Nice, signe que celui qui était un acteur secondaire de la primaire en est devenu un acteur central. Symétriquement, des macronistes ont aussitôt souhaité « bienvenue » à Renaud Muselier.

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Le président de Paca pourrait-il basculer dans le camp du chef de l’Etat ? Ses ennemis LR disent que c’était déjà fait. Mais oui, cet épisode intéresse les macronistes. Pourquoi ? Parce que leur grand espoir c’est qu’en 2022, comme en 2017, se produise une cassure à droite. Entre une droite radicale qui se marierait avec un Éric Zemmour. Et une droite modérée qui rejoindrait Macron par refus de cette radicalisation-là. Donc que des voix comme celle de Renaud Muselier disent : LR, ce n’est plus possible, c’est trop à droite et que tous les prétendants à la primaire disent du bien de Ciotti qui, lui, ne dit pas de mal de Zemmour, et bien tout cela arrange les macronistes. D’ici à dire que Renaud Muselier a mené cette opération boomerang de soutien à Xavier Bertrand pour trouver un prétexte pour quitter LR, il n’y a qu’un pas que plus d’un n’hésitent pas à franchir.

Guillaume Tabard

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