Le gouvernement va annoncer d’ici à la fin de la semaine des mesures pour atténuer la hausse des prix de l’essence. Peut-il éviter le retour d’une colère comme celle des gilets jaunes ? C’est en tous cas la grande crainte du gouvernement, et il vrai que la question du pouvoir d’achat peut être explosive.
Un gouvernement ne peut agir qu’à la marge et surtout, il ne peut mettre en place que des mécanismes provisoires ou compensatoires
Un même phénomène ne se reproduit jamais à l’identique. Donc il n’y aura peut-être pas deux fois les Gilets jaunes, mais oui, on peut perdre les élections sur le pouvoir d’achat. Une fois qu’on a dit ça, les ennuis commencent pour l’exécutif, car n’oublions pas que les prix des matières premières dépend d’un marché mondial et de la conjoncture internationale, et que les prix sont libres en France même s’il y a quelques tarifs réglementés. Cela veut dire qu’un gouvernement ne peut agir qu’à la marge et surtout, il ne peut mettre en place que des mécanismes provisoires ou compensatoires, donc décevants ou insuffisants. Le gouvernement assure pourtant que le pouvoir d’achat des Français augmente. C’est ce que l’Insee et les statistiques disent même qu’il a progressé dans toutes les catégories de personnes ou de salariés. Mais, et le problème est là, une statistique globale est une chose, et la facturette de carte bleue d’un plein que l’on fait chaque semaine en est une autre.
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La proposition d’Anne Hidalgo de doubler le salaire des enseignants n’est pas crédible, même les intéressés n’y croient pas
Et une hausse de prix concrète, visible, ça marque plus qu’une économie générée, par exemple, par la suppression de la taxe d’habitation. On le sait, une statistique ne fera jamais le poids face à un ressenti. Toutes les oppositions s’emparent de la question du pouvoir d’achat. Peuvent-elles profiter des embarras de l’exécutif sur ce sujet ? Même pas. En matière de pouvoir d’achat, il y a un déficit symétrique de crédibilité. Il y a, on l’a dit, un reproche fait au gouvernement, à tout gouvernement, de ne pas en faire assez. Mais il y a un reproche fait aux oppositions d’en dire trop, c’est-à-dire de faire des propositions tellement outrées qu’elles sont d’emblée perçues comme étant irréaliste ou démagogique. L’exemple le plus frappant étant la proposition d’Anne Hidalgo de doubler le salaire des enseignants. Personne n’y croit, pas même les intéressés. Au fond il y a sur le pouvoir d’achat une ambivalence de l’opinion qui exprime à la fois une attente et une exigence fortes envers les politiques et un lucide pessimisme envers ces mêmes politiques.
Guillaume Tabard