Hubert Védrine était l’invité politique de la matinale de Dimitri Pavlenko ce lundi 14 juin. L’ancien ministre des Affaires Etrangères a évoqué l’importante séquence diplomatique s’ouvrant cette semaine et les ambitions des Etats-Unis, dont la priorité est de contenir le développement de la Chine.
Coalition menée par Naftali Bennett : « ils se sont pas mis d’accord sur une politique palestinienne commune, ils se sont mis d’accord pour écarter Netanyahu »
Le parlement Israëlien a voté ce 13 juin un vote de confiance au chef du parti de droite Yamina Naftali Bennett qui succède ainsi à Benjamin Netanyahu. A la tête d’une coalition qui va de la droite à la gauche jusqu’au parti islamiste modéré du RAAM, le nouveau Premier Ministre s’appuiera sur une majorité instable, comme le souligne Hubert Védrine : « A première vue c’est un rassemblement hétéroclite et extrêmement fragile (…) ils se sont pas mis d’accord sur une politique palestinienne commune, ils se sont mis d’accord pour écarter Netanyahu ».
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Une énorme séquence diplomatique s’engage au milieu de ce mois de juin, avec le G7, le sommet de l’OTAN, le sommet entre les Etats-Unis et l’Union Européenne ainsi que la rencontre entre Biden et Poutine, un moment idéal pour analyser les ambitions du nouveau président américain : « Joe Biden et son secrétaire d’Etat Antony Blinken veulent rassembler l’Occident (…) L’objectif au-delà de Poutine c’est la Chine, et tout le monde est tellement content que cela soit Biden et plus Trump que ça va être assez facile de rassembler tout le monde » déclare Hubert Védrine. L’objectif américain est bien d’éviter un renforcement de la Chine en cas d’alliance avec les Russes, malgré la crainte qu’inspire Vladimir Poutine en Europe de l’Est et donc possiblement une difficulté plus importante de tourner toute l’Europe face aux Chinois : « La priorité numéro 1 est le défi chinois, tout s’ordonne autour de cela (…) mais les Européens de l’Est sont focalisés sur la menace Russe, au point de plus craindre Poutine que l’URSS, ce qui paraît contradictoire, incohérent, comme si on avait perdu la guerre froide ».
Hubert Védrine : « Le secrétaire général de l’ONU a évoqué un monde chaotique, imprévisible »
Pour Joe Biden, un des dangers est donc de trop associer la Russie à la Chine en faisant une distinction entre les autocraties et les démocraties, ce qui établirait une alliance naturelle entre Russes et Chinois. Mais Hubert Védrine affirme que Joe Biden semble pour l’instant éviter cela : « S’il avait retenu l’idée mise en avant par Blinken, avec la priorité d’organiser un sommet des démocraties, il s’enfermait dans un schéma opposant les démocraties aux autres (…) Mais ça n’est pas le cas, Biden parle de lancer des initiatives dans certains domaines avec les démocraties, tout est une question de dosage ».
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Henry Kissinger, ancien Secrétaire d’Etat américain, partageait son inquiétude d’une situation proche de celle d’avant la Première Guerre Mondiale et affirmait que l’Europe n’avait rien à gagner en adoptant une ligne indépendante des Etats-Unis vis à vis de la Chine. Selon Hubert Védrine, la remarque du diplomate américain traduit une certaine imprévisibilité à l’échelle diplomatique qui peut légitimement inquiéter : « Kissinger ne redoute pas un retour à la guerre froide, qui n’a pas éclaté grâce à la dissuasion nucléaire, il redoute plus grave (…) Avant 1914, les décideurs de l’époque n’ont pas conscience qu’ils vont vers une guerre mondiale, donc il souligne le côté pas tout à fait maîtrisé, instable ». Sur le second point soulevé par Henry Kissinger, celui de l’indépendance européenne, Hubert Védrine rappelle le fait que le diplomate appartient à une génération d’américains « réticents à la moindre expression d’autonomie européenne » : « Il faut voir ce que Biden concède aux Européens en terme d’ouverture relative à l’affirmation européenne, et ce que les Européens vont en faire, au-delà des positions françaises ».
Rémi Monti
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