Au cœur du brasier en Guadeloupe c’est la une du Parisien-Aujourd’hui en France ce matin. Ses reporters ont passé la nuit au Gosier, la 3e ville la plus peuplée de la Guadeloupe.
Vaccin anti-Covid : « On n’est pas des cobayes »
Palettes de bois, machines à laver, blocs de béton, tout est bon pour dresser les barrages, faire régner le désordre et monnayer les passages de véhicules. Le Parisien-Aujourd’hui en France décrit le climat d’exaspération générale qui règne en Guadeloupe où le vaccin et les contraintes sanitaires sont le déclencheur du conflit. Le plus troublant, ce sont les verbatims de ces jeunes gens qui ont la vingtaine, pour certains travaillent et vivent encore chez leurs parents : ils dénoncent les coupures d’eau, le manque de travail, la hausse des carburants et la flambée des prix. Et pour l’un d’entre eux « ce n’est que le début de la révolte et la seule réponse qu’on a pour le moment de la métropole c’est de nous envoyer le Raid et le GIGN ».
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Ils ont beau se déclarer pacifiques, sobres et désintéressés, certains portent une cagoule, ont l’haleine chargée et prennent 2 à 5 euros pour laisser passer les automobilistes. Et bien sûr aucun n’est vacciné… Le vaccin c’est à la fois l’ennemi, le prétexte et le symbole de la mainmise métropolitaine sur l’île où subsiste chez certains un sentiment anticolonial encore très fort, et là aussi, il faut lire attentivement les propos rapportés par le Parisien-Aujourd’hui en France. Pour Nino « le vaccin c’est ni plus ni moins qu’un viol ». « On n’est pas des cobayes » prévient Kevin quand Donovan assure être « immunisé contre tout. On a l’habitude de nos plantes. On se souligne avec les remèdes de nos grand-mères ». Enfin Nino accuse : « le vaccin c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, on en a marre du système qu’on nous impose. Notre île n’est pas à nous, elle appartient aux békés » (aux blancs donc).
Les insurgés guadeloupéens ne sont pas les seuls à se révolter contre les restrictions sanitaires
Les Gilets Jaunes métropolitains sont des agneaux comparés à ce qu’un retraité de Petit-Bourg qualifie de « vrai bordel, les syndicats sont débordés », expliquent-ils, « c’est la racaille qui fait sa loi ». En réalité nombreux sont les Guadeloupéens pris entre deux feux, analyse le Parisien. Ils soutiennent les revendications mais pas les méthodes des bloqueurs. Didi, agriculteur, est lui très remonté contre ces jeunes qui selon lui « ont profité d’un climat d’exaspération générale pour foutre le feu ». En une de l’Opinion Marie-Catherine Beuth analyse la situation sous l’angle politique. Elle évoque d’abord le cynisme des agitateurs sociaux – sur le sujet vous lirez dans le Figaro comment l’Union Générale des Travailleurs de la Guadeloupe s’est emparée de l’obligation vaccinale pour les soignants, en faisant un prétexte à la mobilisation générale alors que 90 % des soignants de l’île sont vaccinés-, l’éditorialiste de l’Opinion évoque également l’urgence pour le gouvernement d’éteindre le feu, mais elle précise que l’impératif sécuritaire ne doit pas occulter l’urgence sanitaire avec le taux de vaccination très faible sur l’île et l’urgence sociale ensuite, dans un département où le chômage des jeunes est très élevé.
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Il est donc urgent de rétablir l’ordre pour éviter ce qu’elle appelle un décrochage de l’île. Dans le Figaro on vous explique que les insurgés guadeloupéens ne sont pas les seuls à se révolter contre les restrictions sanitaires. Le quotidien revient sur les manifestations qui ont eu lieu ce week-end en Europe du Nord, manifestations dénonçant la Corona Dictature et pour certains le fascisme. 35 000 protestataires à Bruxelles, des milliers d’émeutiers à Rotterdam, 40 000 manifestants calmes à Vienne samedi. Mais les motifs profonds des manifestants ne sont pas ceux des Guadeloupéens. En Guadeloupe c’est la mainmise paternaliste de la métropole qui est dénoncée, agrémentée du vieux fond de sauce anticolonialiste tandis que chez les manifestant européens, c’est la limitation des libertés qui est mise en cause, parfois par des militants d’extrême-droite qui crient au fascisme. Un comble ! D’autres citoyens assurent que le recul des libertés les révulsent profondément. Et dans le FigaroVox, site de débat du Figaro, Samuel Fitoussi analyse le durcissement de ces protestations face aux restrictions anti-covid, pour cet étudiant en journalisme auteur du blog satirique La Gazette de l’Etudiant, la tenaille sanitaire oppose deux camps au positions irrationnelles. D’un côté les antivaccins qui sont dans le déni, et de l’autre les partisans des mesures sanitaires les plus strictes qui n’ont de cesse de bafouer les libertés fondamentales. En clair pour Samuel Fitoussi, nous n’avons d’autre choix que de choisir d’être antivax ou à l’inverse de soutenir aveuglément le recul des libertés introduit par le pass sanitaire dont il rappelle que les Anglais ne l’utilisent pas.
David Abiker