Macron/Mélenchon, le seul duel de ces législatives ?

Mourad ALLILI/SIPA

L’opposition entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon monopolise toute l’attention médiatique lors de ces législatives. Pourtant seul 1 duel sur 2 opposera les coalitions d’Ensemble et de la Nupes. L’influence des autres partis pourrait donc devenir nécessaire dans l’Assemblée nationale.

Les voix RN et de la droite compteront pour l’équilibre politique du pays

Dans ce qui ressemble de plus en plus à un choc frontal entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, on se demande s’il y a encore de la place pour d’autres offres politiques. Médiatiquement la réponse est non. En effet, Macron/Mélenchon ou Mélenchon/Macron on ne parle que d’eux et de leurs anathèmes réciproques qui, sur le fond, n’apportent pas grand-chose au débat sur les besoins de la France. Pourtant, politiquement il y a bien de la place pour d’autres discours. C’est le verdict électoral de dimanche dernier qui nous le confirme.

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D’abord on remarque qu’un électeur sur deux qui est allé voter a choisi d’autres candidats que ceux d’Ensemble ou de la Nupes. Ensuite, le dimanche 19 juin, seul 1 duel sur 2 opposera ces deux coalitions. Si c’est l’opposition la plus fréquente, ce n’est pas la seule. Par définition, il y aura d’autres types de matchs qu’il faudra arbitrer tout autant que les premiers. En guise d’exemple : RN contre Ensemble, LR contre Nupes, RN contre Nupes ou LR contre Ensemble. Bien sûr, la bataille pour la majorité se joue entre macronistes et mélenchonistes. Pourtant dans l’équilibre politique du pays, la voix des lepénistes comptera, de même que celle de la droite affaiblie et de même que celle d’une gauche résiduelle refusant l’alignement sur Mélenchon.

Les Républicains peuvent devenir un appoint nécessaire à Emmanuel Macron

Certaines de ces forces peuvent même réellement peser au sein de la future Assemblée nationale. Si le Rassemblent National représente 20 % des électeurs, le parti est pénalisé par le scrutin majoritaire et n’aura qu’un petit groupe de 20, 30 ou 40 députés. Faute d’alliance, il ne sera pas un appoint nécessaire ou recherché. Pour Les Républicains, c’est l’inverse. Ils représentent environ 10 % des électeurs, mais grâce à des sortants bien enracinés dont certains ont fait plus de 40 % au premier tour comme Fabien di Filippo, Annie Genevard, Philippe Gosselin ou Marc Le Fur, ils resteront un groupe de droite important. Bien que très diminués, ils auront 60 ou 70 élus. Ainsi, si Macron n’a pas de majorité absolue, face à une gauche mobilisée, le chef de l’Etat devra bien trouver l’appoint sur sa droite. LR deviendra un groupe réduit mais charnière. Effectivement, charnière, ça rime avec nécessaire.

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La droite n’en a pour autant pas fini avec ses ennuis comme le montre le soutien de Nicolas Sarkozy à la candidate LREM dans le 17ème arrondissement de Paris. C’est la suite des épisodes de la présidentielle où l’ancien président avait torpillé la candidate de son parti, Valérie Pécresse. Cette fois, il reçoit la candidate LREM dans le 17ème qui se présente contre la dernière sortante LR à Paris, Brigitte Kuster. La députée très appréciée avait quant à elle toujours défendu Sarkozy, y compris dans les moments difficiles. Au regard de ce qu’a représenté l’ancien chef de l’Etat à droite, c’est un psychodrame de plus dans un camp qui y est abonné. Disons que LR n’avait vraiment pas besoin de ça. Mais entre Sarkozy et la droite, ce n’est plus un problème politique, c’est un divorce personnel.

Guillaume Tabard

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