Jean-Louis Touraine, député LREM et rapporteur de la loi bioéthique, qui est examinée aujourd’hui à l’Assemblée nationale, était l’invité de Guillaume Durand, à 8h15. Il estime que le texte, et le débat qu’il suscite, révèle une « singularité française ». Il a par ailleurs assuré que la loi excluait toutes formes de GPA.
Loi bioéthique : Jean-Louis Touraine parle « d’une singularité française »
« La loi de bioéthique est condamnée à être toujours révisée (…). Aujourd’hui, nous indiquons que nous voulons intégrer aucune forme de GPA. Ceux qui craignent qu’il y ait une dérive se trompent » a assuré ce matin Jean-Louis Touraine. Alors que l’examen du texte débute aujourd’hui, le député médecin a expliqué que la loi bioéthique était « une singularité française » : « nous avons eu la main un peu lourde en termes d’interdits lors de la première loi en 1994 (…), depuis cette époque à chaque révision de la loi, nous enlevons certains de ces interdits ». Le député LREM estime néanmoins que ces derniers sont « légitimes puisqu’ils nous permettent d’avancer avec prudence ». Jean-Louis Touraine a par ailleurs rappelé que la PMA pour les couples de femmes et les femmes célibataires était en réalité déjà pratiquée : « La PMA pour toutes se pratique depuis des années en France, c’est ce qu’on appelle la PMA artisanale. Elle se pratique également car des milliers de femmes vont à l’étranger pour en bénéficier. Nous savons que ces familles là se portent bien ».
« La loi de bioéthique est condamnée à être toujours révisée (…). Aujourd’hui, nous indiquons que nous voulons intégrer aucune forme de GPA. Ceux qui craignent qu’il y ait une dérive se trompent »
Jean-Louis Touraine a par ailleurs récusé le fait que l’on puisse extrapoler en disant que la PMA conduise nécessairement à la GPA pour les couples d’hommes. « Vous ne pouvez pas comparer physiologiquement, anatomiquement, les hommes et les femmes. Les femmes peuvent procréer. Les hommes ne le peuvent pas. » Il conclut : « Toute la question est de savoir si dans l’avenir la France consent à ce que dans des conditions non commerciales (non marchandisation des corps) se développe la GPA éthique (…).
« La loi de bioéthique est condamnée à être toujours révisée (…). Aujourd’hui, nous indiquons que nous voulons intégrer aucune forme de GPA. Ceux qui craignent qu’il y ait une dérive se trompent »
Jean-Louis Touraine, rapporteur de la loi bioéthique.
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PMA : Une technique médicale d’amélioration de la condition humaine
Le débat sur la bioéthique pose également la question de notre conception du rôle de la technique médicale. L’eurodéputé (LR) François-Xavier Bellamy, invité hier sur notre antenne, opposait la médecine qui répare les corps à celle qui les transforme, comme dans le cas de la PMA. Jean-Louis Touraine estime qu’il s’agit d’un « réductionnisme » , voire d’un archaïsme : « Sa vérité était vraie il y a 100 ans ». Le professeur de médecine a rappelé que depuis le début du XXème siècle la médecine ne se limitait pas à son fonction thérapeutique mais qu’elle s’occupait aussi « du maintien de notre santé« , notamment avec le développement de la médecine scolaire, la médecine du travail, la prévention, l’interruption volontaire de grossesse (IVG), la chirurgie réparatrice… Certains contempteurs de la loi sur la bioéthique, comme la philosophe Sylviane Agacinzski, avancent par ailleurs que cette loi est l’expression d’une volonté de maitrise totale de l’Homme sur la (sa) nature et s’inquiète d’une perte de repères. Pour le député LREM, cette rhétorique relève d’une philosophie naturaliste qui exprime « une nostalgie de la vie naturelle ». Or, « La nature ne fait pas toujours bien les choses : il y a guère plus d’un siècle, l’âge moyen de vie de l’humain était de 35 ans, la moitié des enfants pourrait avant d’atteindre l’âge adulte. (…) » a -t-il argumenté.
« La nature de l’homme et ses conditions de vie définissent des conditions qui ont des vertus mais qui peuvent être améliorées, si on a confiance dans l’aventure humaine. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout accepter, ça veut dire qu’il y a des choses qui méritent d’être intégrées pour l’amélioration de la condition humaine »
« Sa vérité était vraie il y a 100 ans » a déclaré Jean-Louis Touraine, rapporteur de la loi bioéthique à l’Assemblée nationale, en réponse à @fxbellamy qui oppose la médecine qui « transforme » les corps à celle qui « répare » #PMA https://t.co/xOun7mnkHw pic.twitter.com/GgwrAZYnyO
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Arthur Barbaresi