Législatives : Emmanuel Macron, et si le risque venait de ses alliés ?

ELIOT BLONDET/POOL/SIPA

La campagne des élections législatives a officiellement ouvert le 30 mai. Si Jean-Luc Mélenchon a depuis des mois fait de ce rendez-vous un évènement primordial afin d’imposer son camp à l’Assemblée, il semblerait qu’Emmanuel Macron ne soit pas sous la menace d’une cohabitation et pourrait davantage se méfier de la place que prendraient Horizons et le Modem dans la majorité.

La campagne des législatives 2022 n’a pas créé un élan supplémentaire pour le camp d’Emmanuel Macron

La campagne officielle pour les législatives est maintenant ouverte. A 15 jours du premier tour, on se demande si une surprise est possible ou si Emmanuel Macron est assuré d’obtenir la majorité à l’Assemblée nationale. En effet, il est vraisemblable que ces législatives soient une confirmation de la présidentielle, mais il est probable qu’elles n’en soient pas une amplification. Cela fait 20 ans maintenant que les législatives ont lieu dans la foulée de la présidentielle. A chaque fois, en 2002 pour Chirac, 2007 pour Sarkozy, 2012 pour Hollande et 2017 pour Macron le parti du président a amplifié une dynamique et donné à celui-ci une majorité absolue.

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Pourtant c’est la première fois qu’un président sortant est reconduit. C’est en soi un exploit mais l’absence d’alternance fait qu’il n’y a pas d’élan et pas d’enthousiasme. Prenons le simple indicateur du baromètre Ifop-JDD. A la veille de la présidentielle, Macron était à 41 %. Au lendemain de la présidentielle il est désormais à 41 %. La stabilité est donc parfaite. On remarque aussi qu’en 2017, la nomination d’Edouard Philippe avait fait basculer des pans entiers de l’électorat de droite. Cette fois, le choix d’Elisabeth Borne et la composition de son équipe ne sont pas de nature en soi à fragiliser plus encore la droite ou la gauche.

 

Emmanuel Macron pourrait être dépendant d’alliés puissants comme François Bayrou et Édouard Philippe

Pourtant, une victoire de la gauche ne semble pas non plus plausible. En effet, une cohabitation est a priori tout aussi improbable. Si l’on ne peut pas s’attendre à un vote d’amplification cela ne veut pas dire qu’il faut s’attendre à un vote de correction, et a fortiori à un vote de sanction. On voit donc bien que Mélenchon et Macron ont compris qu’il fallait jouer avec le calendrier électoral. Pour schématiser plus la campagne est courte et plus les législatives sont une simple réplique de la présidentielle. Plus la campagne est longue et plus l’hypothèse d’un correctif est à prendre au sérieux. Vous aurez noté que Jean-Luc Mélenchon a lancé la bataille pour ce troisième tour aussitôt qu’il a pu, en l’occurrence dès le lendemain du premier tour de la présidentielle. Emmanuel Macron à l’inverse a étiré au maximum le calendrier de mise en place de son second mandat, son installation, la nomination d’Elisabeth Borne et l’annonce du gouvernement, afin d’avoir la campagne législative la plus courte possible, c’est-à-dire environ 15 jours. Il avait déjà exactement procédé ainsi pour sa campagne de la présidentielle.

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Si l’on ne s’attend ni à une amplification, ni à une sanction, on se demande alors à quoi pourrait ressembler la future Assemblée. On peut effectivement s’attendre à une majorité réelle mais pas spectaculaire pour la majorité sortante. Si cela peut suffire, la vraie question est de savoir si la République en marche, de son nouveau nom Renaissance, aura une majorité absolue à elle seule, comme c’est le cas dans l’Assemblée sortante, ou si l’appoint des députés du Modem et d’Horizons sera nécessaire. Evidemment, cela change tout car dans un cas, Macron aura les mains totalement libres. Dans l’autre cas, il sera en partie dépendant d’alliés puissants et jaloux de leur influence ou de leur autonomie comme François Bayrou et Édouard Philippe. Ce ne serait pas une cohabitation mais malgré tout une composition obligée qui agacerait le chef de l’Etat.

Guillaume Tabard 

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