Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation IFRAP pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques était l’invitée de Renaud Blanc ce 24 janvier. Elle vient de publier Le vrai état de la France, aux éditions de l’Observatoire, un livre-choc qui dresse un portrait sans concession de la France de 2022, à quelques mois de la présidentielle.
Agnès Verdier-Molinié : « 80 milliards d’euros de déficit, ce n’est pas acceptable »
« Il faut dire la vérité aux Français, on est un pays potentiellement en voie de décrochage, on peut rebondir, mais il faut agir très vite », a déclaré en introduction Agnès Verdier-Molinié, qui souhaite faire cet audit de la France « avant que les programmes [des candidats] ne soient bouclés ». Selon elle, la méthode employée jusqu’à aujourd’hui, « dépenser plus, taxer plus et travailler moins » ne marche pas . Elle rappelle que la France est 23ème au monde en richesse par habitant, une place non méritée, estime-t-elle, pointant également le fait qu’on importe beaucoup plus qu’on exporte : « plus de 80 milliards de déficit, ce n’est pas acceptable ». Parmi les solutions que propose l’essayiste, revoir complètement la fiscalité, notamment sur celle qui pèse les entreprises : « on a 262 milliards de dépenses en plus par an en moyenne par rapport à la zone euro hors France, et plus de 140 milliards d’impôts en plus ». Elle dénonce « des boulets » qui empêchent la France d’être aussi bonne que d’autres pays.
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Agnès Verdier-Molinié appelle à avoir une politique budgétaire et monétaire qui soit « beaucoup plus raisonnable »
Autre thématique dans cette campagne présidentielle : l’appel à augmenter les salaires. Une préconisation qui va de Jean-Luc Mélenchon à Valérie Pécresse en passant par Marine Le Pen. Qu’en pense Agnès Verdier-Molinié ? La directrice de la fondation IFRAP explique que mécaniquement, les salaires vont de toute façon augmenter, et que les négociations sont déjà en cours notamment dans la restauration. Elle alerte sur les risques d’alimenter l’inflation : « augmenter les salaires au lieu d’avoir une politique monétaire, cela signifie qu’on va encore vers plus d’inflation ». Parmi les grands perdants de ces augmentations, les retraités dont les revenus ne seront pas valorisés du niveau de l’inflation. Pour limiter l’inflation, elle appelle à avoir une politique budgétaire et monétaire qui soit « beaucoup plus raisonnable ». Enfin sur la question de l’âge de départ à la retraite (60 ans pour Jean-Luc Mélenchon, beaucoup plus pour d’autres candidats), Agnès Verdier-Molinié estime que « c’est très clair, c’est 67 ans en 2030 », et d’ailleurs, en Europe « tout le monde est en train de bouger vers 67 ans, voire plus ». La raison est simple, poursuit-elle : « on a de moins en moins d’actifs qui financent de plus en plus de retraités ». Elle assure que ceux qui proposent la retraite à 60 ans « nous emmèneraient dans le mur ».
Béatrice Mouedine