Jean Castex reçu par le Pape François : Qu’ont-ils dit du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Eglise ?

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Jean Castex vient de rencontrer le Pape François. S’il ne s’agissait pas d’une grande explication entre la France et le Vatican après la publication du rapport Sauvé, le sujet a été abordé.

Jean Castex et le pape François ont souligné la gravité des faits révélés mais aussi insisté sur le courage de l’Eglise

Le prétexte, c’était le centenaire du rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège. C’était en 1921, quinze ans après la loi de séparation qui avait été vécue de manière conflictuelle. Et comme l’a dit Jean Castex, la reprise des relations diplomatiques n’était pas une manière de rétablir le Concordat de Napoléon mais d’établir la concorde. Concorde qui persiste malgré des différents de fond, par exemple sur la bioéthique.

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Ça c’est pour le prétexte de ce déplacement, car le Pape et le Premier ministre français ont aussi parlé sans détour des conclusions du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Eglise. Mais pas l’un pour critiquer l’Eglise et l’autre pour la défendre. Mais contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, de manière totalement convergente. Le Pape comme Jean Castex ont bien sûr souligné la gravité des faits révélés et rappelé le soutien qu’il fallait apporter aux victimes. Mais tous deux ont aussi insisté sur le courage de l’Eglise et des évêques de France qui avaient eux-mêmes voulu cette commission, et lui avaient permis de travailler en toute indépendance.

 

Jean Castex : « la séparation de l’Eglise et de l’Etat ne signifie en aucun cas la séparation de l’Eglise et de la loi »

On a pourtant eu le sentiment d’un désaccord sur la question du secret de la confession. Le président de la Conférence des évêques de France n’a-t-il pas été convoqué par le ministre de l’intérieur ? Là encore, il y a eu plus de maladresses que de divergences, et ce voyage de Jean Castex au Vatican a permis de le vérifier. Il y a eu une formulation hâtive de Mgr Éric de Moulins-Beaufort, le patron des évêques de France, il l’a reconnu lui-même, laissant penser qu’il opposait le secret de la confession à l’application de la loi. Et il y a le mot de convocation au ministère de l’Intérieur que Gérald Darmanin a démenti lui-même. En fait il y a eu clarification.

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Et hier, le Pape a dit à Jean Castex qu’il fallait trouver le moyen de concilier le secret de la confession, les lois civiles et la protection des victimes. Et comme du côté de l’Etat, il y avait besoin d’une parole d’autorité sur le sujet, Jean Castex a eu cette phrase ciselée à dessin : « la séparation de l’Eglise et de l’Etat ne signifie en aucun cas la séparation de l’Eglise et de la loi ». Mais le Premier ministre qui dit très bien travailler avec les responsables catholiques français ne doute pas de leur volonté sur ce point. Jean Castex a aussi tenté de faire avancer le projet de voyage en France du Pape François, même s’il sait très bien que ce voyage ne se fera pas. Pour deux raisons. Une qui tient au Pape qui privilégie des pays petits, pauvres ou oubliés. Et une qui tient à la France. A six mois d’une élection présidentielle, François qui se méfie comme de la peste de toute récupération politique, ne veut pas être pris en otage de nos débats nationaux.

Guillaume Tabard

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