Le système hospitalier est à bout de souffle : environ 20% des lits sont actuellement fermés dans les CHU et CHR de France par manque de personnel. C’est ce que révèle une enquête flash menée par le professeur Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique sur le Covid-19.
800 postes de soignants sont vacants en Ile-de-France
Olivier Véran, le ministre de la Santé, l’admet, un certain nombre d’unités dans des hôpitaux sont obligées de fermer temporairement, ou de réduire la voilure, faute de soignants, faute surtout de pouvoir en recruter. La crise du Covid a laissé des traces et le Ségur de la santé n’a rien changé. Sur les 500 lits que compte l’hôpital d’Avicennes en Seine-Saint-Denis, 73 sont fermés par manque de personnel. Toutes les unités sont touchées, la moitié des lits de gastro-entérologie sont fermés, pareil pour la neurologie. C’est du jamais-vu en 30 ans de carrière, pour le chef des urgences Frédéric Adnet : « C’est une véritable catastrophe, nous n’arrivons plus à accueillir nos patients programmés, à trouver des lits pour les patients qui viennent aux urgences ». Un phénomène qui crée des tensions entre médecins, alors qu’il n’y a plus de lits dans le service de neurovasculaire, qui accueille les personnes victimes d’AVC. 800 postes de soignants sont vacants en Ile-de-France, et ça s’aggrave.
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L’hôpital public n’arrive plus à retenir ces personnels par manque d’attractivité, alerte l’anesthésiste réanimateur Arnaud Chiche, président du collectif Santé en danger : « Comment voulez-vous motiver les jeunes pour faire un métier mal payé, avec des charges de travail énormes, pour lequel il faut travailler le week-end et les jours fériés ? Il faudrait être maso ! ». L’an dernier, après la première vague du Covid, le Ségur de la santé avait donné de l’espoir, mais rien n’a été fait pour restructurer l’hôpital. Principale mesure : 100 euros en plus sur la fiche de paie des soignants. Arnaud Chiche estime que c’est insuffisant et plaide pour un New Deal de la santé. Le manque de personnel n’impact pas que les lits d’hospitalisation : dans une centaine de villes, il n’y a plus de SAMU qui circule la nuit. Les hôpitaux ne fonctionnent qu’avec les pompiers, les médecins craignent une hausse de la mortalité.
Rémi Pfister
Ecoutez le reportage de Rémi Pfister :