Européennes : « La volatilité électorale est le corolaire de l’affaiblissement des 2 grandes traditions politiques françaises » estime l’historien Jean Garrigues

Jean Garrigues, historien et président du comité d’histoire parlementaire, était l’invité politique de Renaud Blanc ce vendredi 31 mai, à 8h15. Selon lui, la recomposition des forces politiques marquée par l’installation durable du Rassemblement national, la percée des écologistes et l’affaiblissement des partis traditionnels explique la volatilité électorale.

Elections européennes : une volatilité électorale liée à l’affaiblissement des grandes traditions politiques françaises

« On sait bien que les élections européennes sont favorables à la percée des écologistes. La campagne de Yannick Jadot est devenue un recours pour les électeurs de gauche » a expliqué Jean Garrigues. L’historien observe par ailleurs que la « volatilité électorale » s’explique notamment par « l’affaiblissent des grandes traditions politiques françaises ». Il poursuit : « on ne peut pas séparer ce qui advient aux Républicains à ce qui est advenu à l’ensemble de la gauche ». Il considère toutefois que le clivage gauche droite « existera toujours même s’il laisse place désormais à un autre clivage qui oppose « un monde ouvert à un monde plus refermé sur lui-même ». Il considère par ailleurs que le Rassemblement national s’est inscrit durablement dans le paysage politique et que la « contre-performance » de Marine Le Pen aux élections présidentielles a été « une péripétie » qui n’a pas atteint son socle électoral, idéologique et politique qui est « intact ».

Une société française émiettée : le modèle de l’électeur-consommateur à l’ère des présidences-kleenex

Le président du comité d’histoire parlementaire s’est montré assez pessimiste sur l’état de de la société française où les électeurs sont transformés en « consommateurs » et où les quinquennats sont des « présidences-kleenex » : « Le rassemblement et le rêve sont impossibles dans nos sociétés émiettées qui ne se reconnaissent collectivement dans leurs valeurs uniquement en cas de crise mais qui a du mal à s’identifier à un avenir commun ». Jean Garrigues a également soulevé une contradiction structurelle de l’histoire politique française : la revendication d’égalité et la croyance en un homme providentiel : « Ceux qui veulent transformer les institutions en revenant à un régime parlementaire se heurteraient à la contradiction politique française : un besoin d’horizontalité et de verticalité du pouvoir. »

Retrouvez l’interview complète de l’invité :

 

Arthur Barbaresi

 

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