Emmanuel Macron lance un contrat d’engagement pour les jeunes, grande réforme sociale ou pétard mouillé ?

©FNMF/N. MERGUI / Flickr

Emmanuel Macron a annoncé hier le mardi 2 novembre la mise en place d’un contrat d’engagement pour les moins de 26 ans. Faut-il parler de grande réforme sociale du quinquennat ou de pétard mouillé ?

500 000 jeunes seront concernés

A priori il ne s’agit ni d’une grande réforme sociale du quinquennat ni de pétard mouillé. On est à la frontière entre les deux et cela traduit une forme d’embarras d’Emmanuel Macron sur le sujet. Le président de la République a voulu faire un affichage social – alors qu’on lui reproche beaucoup de ne pas avoir été suffisamment sur cet aspect – sans pour autant renier ce qui était son ADN initial. Un ADN que l’on pourrait résumer ainsi : favoriser l’émancipation individuelle plutôt qu’être dans la logique de la subvention généralisée.

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Reconnaissons que ce dispositif respecte un équilibre assez subtil. Il y a bien un coup de pouce financier de 2,6 milliards d’euros par an au total et ce n’est pas rien. En même temps il s’agit d’un contrat, c’est à-dire que l’allocation n’est pas universelle mais liée à certain nombre d’exigences et de contreparties, à commencer par le suivi de 15 à 20 heures de formation annuelles. Mais comme toujours, ce que l’on gagne en subtilité on le perd en lisibilité. A l’arrivée, on est dans un dispositif moins ambitieux qu’envisagé initialement. Ce seront 500 000 jeunes qui seront concernés et pas un million, ce qui vaut mieux pour les finances publiques.

Emmanuel Macron subit les critiques de l’opposition

Avec ce contrat d’engagement Emmanuel Macron subit deux critiques inverses. Une critique de gauche, pour qui le compte n’y est pas et une critique de droite, pour qui Macron s’inscrit dans une logique d’assistanat avec une forme de « RSA pour les jeunes » déguisé. D’une certaine manière, la symétrie de ces critiques permet à l’exécutif de dire : voyez, si on est critiqué des deux côtés, c’est que l’on a visé juste. En fait la gauche dit : on a une nouvelle preuve qu’Emmanuel Macron est de droite. La droite à l’inverse pense avoir la confirmation que le président reste prisonnier des vieilles lunes de la gauche. La réalité est qu’il fait un peu des deux. Mais à l’arrivée, pour traiter la question de l’accès des jeunes à l’emploi, on reste dans l’aménagement et on n’est pas dans la révolution.

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On est toujours dans le même casse-tête sur le plan électoral. Emmanuel Macron veut consolider un bilan social sans trop céder à la facilité. La facilité est le carnet de chèques. N’oublions pas que ce contrat d’engagement avait été annoncé par le chef de l’Etat le 12 juillet. On était encore dans la justification du « quoi qu’il en coûte ». Depuis nous sommes sortis de l’angoisse sanitaire et c’est la crainte de la dépense à tout va, qu’il faudra bien payer le moment venu, qui revient. S’il restait dans la fuite en avant budgétaire, Emmanuel Macron sait qu’il perdrait une partie de son électorat venu de la droite ce qu’il veut éviter à tout prix. Emmanuel Macron veut toujours rendre inutile une alternative LR. C’est aussi pour cela que ce contrat d’engagement a été calibré dans une formule finalement assez responsable.

Guillaume Tabard

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