Pascal Perrineau, politologue et professeur émérite des universités à Sciences-Po était l’invité de Renaud Blanc dans la matinale de ce mardi 1er février. Il a pointé les fragilités d’Emmanuel Macron dans la course à la présidentielle, même si le chef de l’état sortant est largement en tête dans les intentions de vote.
Marine Le Pen et Valérie Pécresse sont au coude-à-coude dans les sondages
Que se passe-t-il à l’extrême droite de l’échiquier politique, entre Marine Le Pen, Eric Zemmour et Marion Maréchal ? Pour le politologue Pascal Perrineau, il faut déjà nommer les choses : « il y a des droites extrêmes en France qui sont différentes : Marine Le Pen, sur une ligne relativement classique qu’on retrouve dans d’autres pays européens de national-populisme, et Marion Maréchal sur une ligne ultra conservatrice, réactionnaire ». La nièce de Marine Le Pen est d’ailleurs plus proche d’Éric Zemmour, souligne Pascal Perrineau, citant un thème commun aux deux personnalités, celui de l’Union des droites. Cette division à l’extrême droite est une bonne nouvelle pour Valérie Pécresse, souligne Renaud Blanc. « Bien sûr ! », lance Pascal Perrineau, car « imaginez que Marine Le Pen n’ait pas la concurrence de Zemmour. Elle serait peut-être à un niveau équivalent à celui d’Emmanuel Macron au premier tour ». Or aujourd’hui, la présidente du RN et la candidate LR sont au coude-à-coude dans les sondages.
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Les François doivent avoir face à eux le casting définitif, estime Pascal Perrineau
Pendant ce temps à gauche, on assiste à « un processus de décomposition pour se partager ce qui est une peau de chagrin, parce que la gauche n’a jamais été aussi faible », tranche Pascal Perrineau. Il note que sept candidats, en incluant les trotskistes, se battent pour 25% de l’électorat. L’erreur de la gauche traditionnelle, selon le politologue, est d’avoir discuté du candidat avant de parler du programme. Il note l’opposition de certains candidats sur le nucléaire ou la politique salariale, par exemple. En ce qui concerne le Parti Socialiste en particulier, « il joue sa survie », selon le professeur émérite, puisqu’il doit obtenir 5% des voix pour voir ses frais de campagne remboursés. L’autre danger pour le PS, souligne Pascal Perrineau, ce sont les législatives : « pourra-t-il maintenir un groupe significatif d’élus ? », s’interroge-t-il, ajoutant que de nombreux maires socialistes de villes de plus de 100 000 habitants sont extrêmement inquiets. Enfin s’agissant d’Emmanuel Macron, Pascal Perrineau estime qu’« il faut qu’il fasse vite, car l’opinion est énervée par ce président qui a un pied dans la candidature et un pied dans la non-candidature ». Il risque de lasser les électeurs. « Il a intérêt à sortir du bois pour que les Français aient face à eux le casting définitif, et que les choix puissent se cristalliser », conclut le politologue.
Béatrice Mouedine