La campagne présidentielle met le gouvernement sous tension. Les ministres se sentent sur la sellette. Alors, pour espérer se placer, ils prennent des initiatives, mais elles sont loin d’être du goût d’Emmanuel Macron.
Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale a monté un think tank de défense de la laïcité
« Emmanuel Macron est agacé par certains ministres ». Voilà ce que raconte l’un de ses proches. « Il y en a, au gouvernement, qu’il ne supporte plus », ajoute un autre de ses fidèles. A cinq mois de la fin du mandat, le président commence à se braquer. Que leur reproche-t-il ? D’abord, d’écrire des livres. Ça le rend furibard. Un ministre sur quatre au gouvernement a pondu, ou va pondre un bouquin, de Marlène Schiappa à Elisabeth Moreno. Cela renvoie l’image d’un gouvernement qui n’est pas à sa tâche. Et puis, le président voit bien que les ministres écrivent pour se placer, qu’ils piaffent d’impatience pour suite. C’est comme s’ils lui forçaient la main. Il y a aussi ceux qui prennent des initiatives politiques comme Jean-Michel Blanquer. Le ministre de l’Education nationale a monté un think tank de défense de la laïcité. Une offensive qui peut brouiller le message du futur candidat.
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Enfin, il y a la catégorie de ceux qui commettent des boulettes. Par exemple, la ministre du Logement Emmanuelle Wargon. Elle a ainsi expliqué, dans un de ses discours, que les pavillons étaient un « non-sens écologiques ». Depuis, elle est revenue sur ses propos. Mais cela a énervé le chef de l’Etat, qui s’échine, tant bien que mal, à gommer l’image d’une macronie arrogante, déconnectée de la réalité. Comment expliquer cette floraison d’initiatives en tous genres ? Si ça piaffe de tous les côtés, le président ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Comme Emmanuel Macron ne veut donner aucune consigne, aucun indice, aucun axe de campagne, les ministres se retrouvent livrés à eux-mêmes. Et en plus, ils se sentent sur la sellette. Car le président aura sans doute envie d’afficher de nouveaux visages pour la campagne. Comme le disait un confident du président, je le cite : « Chaque ministre essaie de s’autoorganiser pour s’auto-imposer dans un système où de toute façon il ne pèse pas. Chacun va en mourir !». Avec sa personnalisation du pouvoir, la Vème république ne fait pas de cadeau.
Marcelo Wesfreid