Education nationale : L’entretien d’embauche pour les profs, en expérimentation, fait débat

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L’expérimentation d’un entretien d’embauche pour les professeurs occupe la page 10 du Parisien-Aujourd’hui en France. Emmanuel Macron a révélé le dispositif il y a un mois à Marseille pour répondre à l’usure des agents de l’Etat dans les quartiers difficiles.

La proposition d’un entretien d’embauche permettrait aux chefs d’établissement de savoir avec qui ils vont travailler

Pour vous dire à quel point cette idée d’un entretien d’embauche pour les profs est tabou, 80 établissements ont déjà fait savoir qu’ils étaient contre. Le Parisien vous explique donc comment les enseignants sont aujourd’hui recrutés et affectés : les néo titulaires autrement dit les titulaires du CAPES et du CRPE ainsi que les profs en poste font part de leurs souhaits selon les postes vacants. Ce que l’Education nationale appelle « un mouvement » s’étire d’avril à mai.

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Puis le choix se fait selon un algorithme qui prend en compte : l’ancienneté du candidat, sa situation familiale, etc. Alors évidemment, la proposition d’un entretien d’embauche qui permettrait aux chefs d’établissement de savoir avec qui ils vont travailler, d’évaluer une motivation, de savoir tout simplement avec qui ils vont travailler, ça fait dresser les cheveux sur la tête de tous ceux qui se sont habitués à l’usine à gaz qui gère les ressources humaines de l’Education nationale. Les réactions sont mitigées, c’est le moins qu’on puisse dire. Le simple fait qu’on puisse se rapprocher de pratiques en vigueur dans l’entreprise et l’enseignement privé, c’est péché vous imaginez bien.

« Quand quelqu’un est parachuté contre son gré c’est un enfer pour tout le monde, les profs et les élèves »

Faustine, directrice d’école dans le nord de la France : « Nous ne sommes pas directeurs des ressources humaines » confie-t-elle au Parisien. « On cumule les casquettes » ajoute Nathalie, qui dirige un établissement dans l’Eure. Ils ne sont pas tous contre. Par exemple Cathie, qui est directrice d’école en Charente, explique au Parisien qu’elle a un projet d’école bien particulier et que recruter elle-même les enseignants voudrait dire qu’ils y adhèrent, et elle ajoute « quand quelqu’un est parachuté contre son gré c’est un enfer pour tout le monde, les profs et les élèves. Dans le privé, ce droit de regard permet une adéquation entre l’expérience et les zones où les publics sont les plus fragiles ». Le Parisien a posé la question de cet entretien d’embauche à d’anciens ministre de l’Education nationale.

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Luc Chatel, ancien DRH, est pour, expliquant que tout ce qui rapproche les décisions du terrain va dans le sens d’un meilleur management. Et il ajoute, « même si ce mot est un gros mot ». Najat Vallaud-Belkacem estime que l’autonomie c’est bien, mais « cette mesure est plus une provocation qu’une proposition ». Enfin Luc Ferry, qui participe à Esprits libres sur Radio Classique chaque lundi à 8h40, « c’est une idée qui plait aux libéraux qui pensent que l’école fonctionne comme une entreprise, ce qui est absurde à tous égards ». Quand je vous dis que l’entretien d’embauche, qui est la norme française, s’arrête aux portes de l’école de la République, parce que c’est un tabou, je ne vous mens pas.

David Abiker

 

 

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