Édouard Philippe va lancer son parti politique : quel rôle veut jouer l’ancien Premier ministre ?

Baidax/Wikimedia commons

Édouard Philippe lancera samedi au Havre son propre parti politique. A court terme, Édouard Philippe veut tout faire pour permettre la réélection d’Emmanuel Macron en 2022. À plus long terme, il veut s’organiser pour être en mesure de lui succéder en 2027.

Christian Estrosi a rallié officiellement Emmanuel Macron, mais n’a pas eu besoin de l’entremise d’Edouard Philippe pour ça

Une fois ce cadre posé, ça se complique un peu, car il lui faut une place précise dans le dispositif présidentiel ou majoritaire. Et cette place est d’autant plus difficile à définir quand on a été Premier ministre, donc chef de toute la majorité, et qu’on ne l’est plus, et qu’on est donc redevenu un parmi d’autres, un parmi beaucoup d’autres, même si Édouard Philippe est aujourd’hui la personnalité politique la plus populaire en France. Va-t-il organiser l’aile droite de la Macronie ? Il y a déjà un parti qui prétend l’être, c’est Agir. Alors justement on a beaucoup dit qu’Agir pourrait être le socle de ce futur parti philippiste. Mais, vous savez, même dans le « nouveau monde », quand on a sa petite boutique à soi, on n’aime pas les OPA d’un plus gros. Donc les dirigeants d’Agir, dont je suis sûr que vous pouvez me citer le président – c’est le ministre du commerce extérieur Franck Riester – , disent déjà pas question de nous fondre dans le futur parti du maire du Havre.

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Alors ce parti pour quoi faire ? L’idée est d’élargir la majorité, c’est-a-dire, d’attirer, d’amener à Macron des élus ou des électeurs qui ne sont pas encore dans la majorité. Très bien mais qui ? On cite souvent des maires de droite comme celui d’Angers Christophe Bechu. Mais franchement ceux là étaient déjà dans la sphère macroniste et des cibles possibles comme le maire de Toulouse Jean Luc Moudenc a redit qu’il n’avait pas de raison de quitter LR. Quand à celui de Nice, Christian Estrosi il a bien rallié officiellement Macron hier, mais n’a pas eu besoin de l’entremise d’Edouard Philippe pour ça. Donc ce parti est encore flou même si ce sont les électeurs de droite plus encore que les élus qu’il s’agit de séduire.

 

François Bayrou ne veut pas confier les clés de la majorité à Édouard Philippe

On sait que les macronistes veulent se rassembler au sein d’une « maison commune », le parti d’Edouard Philippe y aura-t-il sa place ? Là encore c’est compliqué parce que tout le monde n’est pas d’accord et que les rivalités personnelles comptent énormément dans ce débat. François Bayrou par exemple ne veut pas confier les clés de la majorité à Édouard Philippe. Peut-être parce que lui aussi pense à 2027, donc pour Bayrou la maison commune c’est LREM et le Modem, les autres partis restant dans l’antichambre. Au delà de Bayrou beaucoup de gardiens du temple macroniste trouvent que le maire du Havre est trop indépendant et donc se méfient de lui ; le suspectent de travailler plus pour lui-même que pour le chef de l’Etat. Et ce soupçon là agace beaucoup Philippe. Mais à LREM, on n’a pas aimé que lors de leur campus, la semaine dernière à Avignon, le maire du Havre invite les adhérents de LREM à adhérer aussi à son parti. Bref, beaucoup de fébrilité dans la majorité. Pour un courant politique qui prétend faire des additions, le spectre de la division est très présent.

Guillaume Tabard

 

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