Bernard Tapie : Son rendez-vous manqué avec la politique

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Il y avait un côté « Je t’aime moi non plus » dans le rapport entre Bernard Tapie et la politique avec de son côté, un mélange d’attraction et d’incompréhension et du côté des autres, un mélange de fascination et de détestation.

La droite en a fait le pire symbole des années Mitterrand

Il faut dire qu’il est entré par effraction dans la politique, en faisant de la casse et en se brisant lui-même. Il faut remonter à ce coup de poker initial de François Mitterrand, faisant entrer dans son gouvernement celui qui était en tout point son contraire, avec cette jubilation un peu canaille et franchement perverse de lancer un chien incontrôlable dans le jeu de quilles socialiste.

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Il s’est servi de lui, malgré une réputation déjà sulfureuse pour dézinguer son rival le plus détesté, Michel Rocard. Bernard Tapie s’est donc inscrit à gauche mais sans disposer, ni d’user des codes de celle-ci. Une gauche qui en conséquence, le dédaignait et le tenait à distance quand le parfum des affaires se faisait trop fort. La droite en faisait pendant ce temps le symbole du pire des années Mitterrand.

 

Bernard Tapie n’a jamais pu être candidat aux municipales de Marseille

Les hommages à droite sont pourtant unanimes et plus nombreux qu’à gauche car la roue a tourné avec les années Sarkozy. Il y avait plus que des similitudes entre celui qui a rendu du peps à l’OM et celui qui a redonné du tonus à la droite : un même culte de la réussite et du volontarisme, une même propension à casser les codes et à s’affranchir d’un langage trop policé. On ne peut bien sûr pas parler de Tapie sans parler de Jean-Marie Le Pen, son meilleur ennemi qu’il n’a jamais cessé de combattre en public. Ce qui ne l’a pourtant pas empêché de négocier avec lui dans les coulisses quand il y avait un coup à jouer contre les autres. D’ailleurs, l’hommage du vieux fondateur du Front national n’est pas le moins empreint d’une forme de respect.

 

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Bernard Tapie n’a jamais pu être candidat aux municipales de Marseille. Un jour desservi par le contexte politique, un jour empêché par le calendrier judiciaire. En fait, quand on regarde le palmarès politique de Bernard Tapie d’un simple point de vue comptable, il est assez pauvre : 5 petits mois ministres, deux fois député avec des mandats incomplets et un demi-mandat de député européen. Une fois tête de liste de la gauche aux régionales en 1992, mais arrivé troisième derrière Jean-Claude Gaudin et Jean-Marie Le Pen et donc, zéro candidature aux municipales. Marseille, c’est avec un maillot de foot et pas avec une écharpe tricolore qu’il l’a incarné. Au fond, Tapie et la politique, ça reste un rendez-vous manqué.

Guillaume Tabard

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