Au Sénat, Les Républicains peuvent construire une alternative crédible à Emmanuel Macron

Jacques Witt/SIPA

Ce lundi 1er août, le Sénat va commencer l’examen du projet de loi de finances rectificatives. Pour Les Républicains, majoritaire au Sénat, c’est une occasion de construire une ligne claire entre les députés LR de l’Assemblée et ceux de la chambre haute du Parlement, et de prouver qu’ils incarnent une alternative crédible à la politique présidentielle.

Avec 62 députés dans l’Hémicycle, le Sénat est à majorité de droite

Les sénateurs entament cet après-midi l’examen d’un nouveau texte, celui du projet de loi de finances rectificatives. On se demande alors ce que l’on peut attendre de cette session estivale sur un sujet aussi technique. En effet, ce texte très complexe et aride, permet au gouvernement de rectifier, en quelque sorte, la trajectoire économique de l’année en cours. Il a été adopté la semaine dernière après des débats tendus à l’Assemblée nationale. Il en est d’ailleurs ressorti avec quelques mesures phares, comme la prolongation des aides sur le carburant et la revalorisation des pensions et des aides. Des décisions importantes dans un contexte qu’on sait de très forte inflation. Il arrive donc cette semaine au Sénat, plus d’un mois après des élections législatives qui ont donné à toute l’action du Parlement une couleur très politique. On peut alors s’attendre à nouveau à des batailles, des négociations et même des bras de fer.

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Contrairement à l’Assemblée, le Sénat est à majorité de droite. Il est donc fort probable que Les Républicains mènent le plus les négociations. Déjà la semaine dernière, les députés LR, qui sont 62 dans l’Hémicycle, ont été d’une aide précieuse. Ils ont remporté quelques victoires personnelles mais ils ont surtout permis au gouvernement d’adopter le texte en première lecture, malgré l’opposition de la Nupes, l’union de la gauche. Une bonne nouvelle pour l’exécutif, qui trouve là des alliés, et une bonne nouvelle aussi pour Les Républicains, qui reviennent au centre du jeu après la débâcle de l’élection présidentielle. Juste avant l’arrivée du texte au Sénat, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a d’ailleurs fait savoir qu’il prendrait en compte certaines demandes venant de la droite sénatoriale.

 

Les Républicains doivent créer une cohérence entre le groupe du Sénat et de l’Assemblée

Pourtant, les sénateurs LR n’ont pas tout à gagner dans cette nouvelle session et doivent rester vigilants. S’ils ont à nouveau une place centrale, ils doivent aussi faire attention à ne pas tomber dans certains pièges. A commencer par celui de la division. En effet, pour se reconstruire en alternative crédible à Emmanuel Macron, il faut tenir une ligne claire. Cela a manqué à la campagne de Valérie Pécresse. Il faut donc établir de la cohérence entre les deux groupes du Sénat et de l’Assemblée. Cela n’est pas chose aisée pour des députés et des sénateurs LR qui n’ont jamais vraiment eu pour habitude de travailler ensemble.

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Ainsi pour y remédier, ils ont prévu de communiquer plus et mieux, même si quelques désaccords se dessinent déjà. Prenons par exemple le dispositif d‘aide pour le carburant de 30 centimes par litre. Il a été adopté à l’Assemblée grâce au compromis trouvé entre la majorité et les députés de droite mais il ne convient pas tout à fait aux sénateurs qui avaient en tête quelque chose de plus ciblé. Ils pourraient donc vouloir revenir dessus. Par ailleurs, traditionnellement les sénateurs sont davantage dans l’opposition que leurs collègues députés. On le voit régulièrement avec leur chef de file, Bruno Retailleau, qui fait entendre une voix très différente de celle de l’exécutif. Sa position se comprend puisque pour être une alternative, il faut aussi incarner une ligne indépendante, différente de celle du pouvoir en place. La pression est donc forte cette semaine sur les épaules des dirigeants LR qui doivent trouver un équilibre pour être à la fois constructifs et responsables, sans apparaître comme les supplétifs du gouvernement.

Dinah Cohen

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