PLASSON Michel

(1933 - ) Chef d'orchestre

Michel Plasson : trente-cinq ans à Toulouse ! Voilà qui n’est pas loin des records de longévité d’Ansermet à Genève, de Mravinsky à Saint-Petersbourg ou d’Ormandy à Philadelphie. Michel Plasson a dirigé l’orchestre du Capitole, l’opéra de Toulouse, de 1968 à 2003. Et la qualité de ses nombreux enregistrements en fait un des chefs d’orchestre les plus référencés du patrimoine discographique. Dans le répertoire français, de Gounod à Dutilleux, il est l’un des plus reconnus, invité dans le monde entier, ne craignant pas les longs voyages et les grandes salles de concert. De Dresde à Pékin, son parcours international est impressionnant, le situant au niveau des plus grands chefs d’orchestre de la seconde moitié du XXème siècle et du début du XXIème.

Michel Plasson en 10 dates :

  • 1933 : Naissance à Paris
  • 1962 : Prix du concours de Besançon
  • 1965 : Directeur musical de la ville de Metz
  • 1968 : Chef permanent de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse
  • 1976 : Début au Met de New York dans Dialogues des Carmélites
  • 1984 : Aïda à Bercy
  • 1994 : Chef principal de l’Orchestre philharmonique de Dresde
  • 2010 : Chef principal de l’Orchestre symphonique national de Chine
  • 2014 : Académie internationale de musique française
  • 2018 : Faust à Genève

 

Michel Plasson entre au Conservatoire de Paris… en classe de percussions !

Michel Plasson est né à Montmartre. Sa mère est cantatrice, son père violoniste professionnel. Il commence le piano avec le grand professeur Lazare-Lévy. Mais c’est dans la classe de percussions qu’il entre au Conservatoire et obtiendra un premier prix. Il suit aussi la classe de direction d’orchestre et s’orientera dans cette voie.
Il joue dans différents orchestres, aux Concerts Colonne, à Vichy auprès du trompettiste Maurice André qu’il admire, et sous la direction de Charles Munch, qui l’encourage dans sa vocation de chef. En 1962 il se présente au concours de Besançon, et malgré son trac remporte le premier prix. Puis il part aux Etats-Unis auprès de Erich Leinsdorf, Pierre Monteux et Léopold Stokowski. Son premier poste en France est à Metz, qui le choisit comme directeur musical en 1965.

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Le chef d’orchestre est nommé au Capitole de Toulouse à 35 ans

En 1968, il rejoint l’orchestre du Capitole de Toulouse comme chef permanent, puis en devient le directeur musical. A l’époque, l’orchestre n’est guère reconnu. Il en fera l’une des grandes phalanges du monde lyrique. Aujourd’hui il confesse être resté trop longtemps au Capitole. Mais cet orchestre aurait-il atteint son niveau d’excellence sans la ténacité et la précision de Plasson ? A partir de 1990, il forme avec Nicolas Joël, le directeur de l’opéra de Toulouse, un duo gagnant qui attire de nombreux artistes : Jonas Kauffman, José Van Dam, Susan Graham, ou encore Natalie Dessay.

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Les très grandes salles ne lui font pas peur et, dans les années 1980, Michel Plasson enchaîne les concerts dans des lieux inhabituels. A commencer par le tout nouveau Palais Omnisports de Paris-Bercy, où il dirige avec succès une série de grands spectacles lyriques (Aïda, Turandot, Nabucco). Les Arènes de Nîmes ou le Théâtre Antique d’Orange ne l’impressionnent pas non plus. Michel Plasson aime partager la musique avec le plus grand nombre.

 

Sa carrière de chef d’orchestre se développe à l’international dans les années 1990

Michel Plasson est nommé à Dresde en 1994 où il reste sept ans, tout en conservant la direction de l’orchestre du Capitole. Il dirige alors beaucoup de musique allemande et russe, corrigeant ainsi son image de spécialiste de la musique française. Il obtient plusieurs Victoires de la Musique Classique, comme chef d’orchestre en 1993 et 1996, et pour l’enregistrement discographique en 2004 de Carmen avec Angela Georghiu et Roberto Alagna.

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Détracteur du mercenariat des chefs d’orchestre contemporains, Michel Plasson accepte pourtant en 2010 de se rendre à Pékin pour diriger plusieurs fois par an l’Orchestre symphonique national de Chine. Comment explique-t-il ce choix ? D’abord pour des raisons diplomatiques, les relations franco-chinoises étant privilégiées depuis la reconnaissance par de Gaulle en 1964. Ensuite pour faire progresser cet orchestre et ses musiciens dans un contexte de relative ouverture sur la culture occidentale, sans illusion cependant sur le système chinois qui place les institutions musicales comme les autres institutions sous l’autorité du parti. Équilibre compliqué !

 

Il créé l’Académie internationale de musique française pour accueillir de jeunes musiciens.

Établi dans la région occitane, Michel Plasson fonde en 2014 près de Béziers une académie destinée à accueillir de jeunes artistes à l’orée de leur carrière. Instrumentistes et chanteurs de toutes nationalités viennent compléter leur connaissance du répertoire français des XIXème et XXème siècles.

Session d’enregistrement de Faust de Gounod avec José van Dam et Richard Leech

 

« La musique est l’art de l’indicible ». Jolie définition donnée par Michel Plasson, qui n’est pas avare de paroles en dehors des salles d’opéra et de concert. Ses déclarations décapantes ont le mérite de la franchise et de la lucidité. Concernant la France, son jugement est sévère : « La musique n’est pas un besoin important de la France, contrairement à l’Allemagne. On admire Renoir et Valéry mais pas le répertoire musical français. On ne conserve pas les partitions de nos grands compositeurs…Pourtant la musique française est belle, c’est la musique du bonheur ! » confie-t-il dans La Dépêche en 2015. Quant aux orchestres d’aujourd’hui, son jugement est impitoyable, considérant que la mondialisation impose une uniformité de style et de sonorité, abolissant l’identité propre à chaque orchestre. Selon lui, les chefs d’orchestre, sauf exception comme Valery Gergiev au Mariinsky, ne seraient plus en mesure d’établir dans la durée une relation constructive avec un orchestre. Ils passeraient d’un pays à l’autre, d’un orchestre à l’autre, et n’auraient plus de lien durable avec un même ensemble de musiciens. Nostalgie ? Plus simplement, diagnostic d’un grand professionnel qui accepte de remplacer un collègue malade, comme à Genève en 2018, pour un Faust qui lui vaut encore une fois les applaudissements des musiciens eux-mêmes, et l’admiration de la critique, tel Christian Merlin qui salue dans le Figaro du 7 février 2018 « le maître de la musique française ».

 

Philippe Hussenot

 

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