Danièle Georget, journaliste à Paris Match, était l’invitée de la matinale de Radio Classique, au micro de Renaud Blanc. Elle publie avec la violoniste ukrainienne Tatiana Andreychuk Le Dictionnaire amoureux de l’Ukraine (Plon).
L’Ukraine est le plus ancien Royaume slave baptisé
Quand est né ce livre dédié à l’Ukraine ? Au moment du déclenchement de la guerre ?
Il est né un peu avant. Nous étions désespérées par le manque d’intérêt pour l’Ukraine. Moi-même, je prenais ce pays pour une province de la Russie, mais j’ai découvert qu’il y avait une âme, une histoire, des millions d’habitants et des centaines de kilomètres carrés.
L’idée de votre livre est de faire connaître l’Ukraine auprès des Français, mais aussi de montrer que c’est une nation, et surtout pas un petit frère de la Russie ?
Absolument. L’Ukraine est le plus ancien Royaume slave baptisé, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle la Russie lui est férocement attachée, comme si se séparer de l’Ukraine, c’était se séparer de ses racines.
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Le Dictionnaire amoureux de l’Ukraine est un livre très engagé ?
Oui, c’est le cas. On ne peut pas effacer l’identité d’un pays. Cela fait au moins 3 siècles que l’Ukraine a été annexée à la Russie et il se trouve que les Ukrainiens n’ont pas eu le droit de parler leur langue pendant des siècles. La bourgeoisie et l’aristocratie parlaient russe, mais les paysans ont continué à parler ukrainien.
Danièle Georget, les liens entre la France et l’Ukraine sont plus importants qu’on l’imagine ?
Un des grands auteurs français qui parle très bien de l’Ukraine et du goût des cosaques pour leur liberté, c’est Voltaire dans son Histoire de Charles XII. Je pense aussi à Balzac, qui est allé en Ukraine. Sa maîtresse, Madame Hanska, était une aristocrate polonaise mais tous ses domaines et ses 3000 serfs étaient en Ukraine.
Danièle Georget : l’attachement à l’Ukraine « va au-delà de la langue russe ou ukrainienne »
Poursuivons sur les liens entre l’Ukraine et l’Occident, Emmanuel Macron a prononcé un discours le 9 mai qui a dû refroidir les ardeurs des Ukrainiens : il parle d’une entrée dans l’Union européenne dans plusieurs années, voire plusieurs décennies.
Il suffit d’aller en Ukraine pour comprendre à quel point ce pays est européen et voulait rentrer dans l’Europe pour accéder à ce monde de démocratie et de liberté. C’est d’ailleurs la grande erreur de Vladimir Poutine : il pensait que tous ces gens qui parlent russe et qui ont été élevés en Russes allaient choisir la Russie. Or, ce n’est pas ce qui se passe, car l’attachement à l’Ukraine va au-delà de la langue russe ou ukrainienne, c’est un choix de vie et de liberté.