Pascal Bruckner était l’invité de Renaud Blanc dans Esprits libres, ce mercredi 26 janvier. Alors qu’Emmanuel Macron doit s’entretenir vendredi 28 janvier avec son homologue russe Vladimir Poutine, l’essayiste n’a pas écarté l’idée d’un conflit armé entre la Russie et l’Ukraine.
Vladimir Poutine sait que les démocraties redoutent plus que tout l’usage de la violence, assure Pascal Bruckner
Plus de 100 000 soldats russes accompagnés de chars ont encerclé l’Ukraine, mardi 25 janvier, et des manœuvres ont été effectuées par l’armée russe à la frontière et en Crimée. En réponse, les Etats-Unis ont placé 8500 soldats en « état d’alerte ». Dans ce contexte de bruits de bottes à la frontière ukrainienne, Pascal Bruckner juge inévitable un conflit armé, « non pas sous une forme massive », explique-t-il, « avec une invasion de 100 000 hommes russes en Ukraine. Mais il y aura des combats sans doute puisque comme tous les despotes, Vladimir Poutine sait que les démocraties redoutent plus que tout l’usage de la violence ». Il juge donc possible que Moscou usera de violence pour montrer qu’elle est un adversaire résolu, « comme avec la Crimée et le Donbass ». Pascal Bruckner note que diplomatiquement, « les grandes divisions de la 2nde Guerre mondiale se redistribuent un peu, même si l’agresseur n’est plus le même » : les Anglais sont les premiers à résister à Moscou, les Américains restent la seule grande puissance capable de résister à une invasion, et la France joue les deux cartes de la diplomatie et de l’armement, puisque des soldats seront envoyés en Roumanie.
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Emmanuel Macron doit s’entretenir vendredi avec Vladimir Poutine. Le président français assure qu’il sera très ferme. Mais que peut-on attendre de ce rendez-vous ? Pour Pascal Bruckner, les armes sont inégales puisque dans un régime dictatorial comme la Russie – qu’il qualifie de démocrature – (mélange de démocratie et de dictature) , la violence fait partie de la politique. « On frappe d’abord et on négocie ensuite », précise-t-il. Or « l’Europe ne peut pas se permettre ce genre d’attitude ». Selon lui, ce dialogue sera peut-être intéressant, mais « la raison ultime reviendra aux armes et donc, à la menace. Et là, c’est le président américain Joe Biden qui tranchera ».
Béatrice Mouedine