Sous-marins australiens : Après la perte du contrat, la réputation de Naval Group entachée ?

©Naval Group

Paris le craignait, Canberra l’a fait. L’Australie a annoncé, hier, la rupture du contrat de commande pour 12 sous-marins, signé avec la France en 2016 en échange de 56 milliards d’euros. Le « contrat du siècle » tombe à l’eau, Canberra privilégiant un nouveau partenariat avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

Naval Group a un carnet de commandes fourni

C’est camouflet pour la France, et un énorme coup dur pour Naval Group. L’entreprise qui devait se charger de la conception et de la construction des futurs navires avait déjà mobilisé 1000 employés sur le projet : 350 en Australie, 650 en France. Cette décision très politique aura à coup sûr des répercussions économiques pour le groupe français. La direction de Naval Group ne décolère pas depuis 24 heures et confie son « immense déception ». 650 personnes travaillaient sur ce projet, principalement sur le site de Cherbourg. Pour autant, il n’y a aucune panique côté salariés, assure David Robin, délégué CFDT Naval Group : « Notre carnet de commandes est assez fourni, et peut permettre le repositionnement de bon nombre des collaborateurs. Nous essayons que chacun retrouve sa place, et un emploi ».

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Naval Group est accusé de ne pas respecter le calendrier et de dépasser les budgets

Même si ce contrat australien représentait 10% du chiffre d’affaires de Naval Group, il n’en était qu’à sa phase d’étude. L’impact, à court terme, reste donc limitées, selon Vincent Groizeleau, journaliste et expert de l’industrie navale. « Les conséquences financières sont moins importantes qu’elles l’auraient été dans 2 ou 3 ans, à la veille de lancer la construction des sous-marins, et si Naval Group avait mis en place tout son réseau de sous-traitants », insiste-t-il, concluant : « là, ça aurait été catastrophique ! ». C’est à moyen terme, que le coup pourrait s’avérer rude. Le groupe est accusé, depuis de longs mois, en Australie, de ne pas respecter le calendrier, de dépasser les budgets. Et malgré les contestations de Paris, Naval Group pourrait voir sa réputation entachée. Il faudra évaluer dans les prochaines années l’impact de la perte de ce contrat sur l’image de Naval Group auprès de potentiels clients, de quoi peut-être mettre à mal les négociations actuelles avec les Pays-Bas et l’Inde, pour de nouveaux contrats de navires de défense.

Eric Kuoch

 

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