Allemagne : Un gouvernement avant Noël est « crédible », selon Alexis Karklins-Marchay

Alexis Karklins-Marchay, spécialiste des questions internationales et notamment de l’Allemagne était l’invité de Renaud Blanc ce lundi 27 septembre sur Radio Classique. Alors qu’à l’issue des législatives, le pays est dans l’incertitude, puisque les socio-démocrates du SPD et l’alliance conservatrice CDU/CSU sont au coude-à-coude, il juge crédible la mise en place d’un gouvernement de coalition « avant noël ».

Olaf Scholz, un homme de compromis taiseux et sérieux pour certains, terne pour les autres

Il est impossible pour l’instant de dire qui sera le prochain chancelier à succéder à Angela Merkel. Les sociaux-démocrates conduits par Olaf Scholz remporteraient 26% des suffrages. L’alliance conservatrice CDU/CSU emmenée par Armin Laschet serait à 24 %, en net recul. C’est d’ailleurs un des enseignements de cette élection, explique Alexis Karklins-Marchay : « Clairement, la CDU, parti d’Adenauer, d’Helmut Kohl et bien sûr d’Angela Merkel a reculé. L’autre enseignement, c’est le score du SPD, parti qu’on disait moribond il y a 4 mois ! ».

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Olaf Scholz (SPD) et Armin Laschet (CDU/CSU) revendiquent le droit de former le prochain gouvernement. Mais il faudra nouer des alliances avec d’autres partis, comme les verts d’Annalena Baerbock ou les libéraux de Christian Lindner respectivement à 15 et 11%. La partie de poker commence, avec une « forme de légitimité pour Olaf Scholz », selon Alexis Karklins-Marchay : « c’est un homme de compromis, ancien vice-chancelier et ministre des Finances d’Angela Merkel, qui incarnait à l’époque le centre gauche dans un gouvernement de centre-droit ». Un atout pour ce chef de parti perçu comme « taiseux et sérieux », « terne pour ses détracteurs ».

 

« Angela Merkel reste Mutti, la mère, à l’image de calme, de cohérence, de solidité et de raison, ainsi que de compassion »

Les négociations vont prendre des semaines, et il n’y a pas de date-butoir. « En 2017, il avait fallu 6 mois de discussions pour créer une coalition, le record historique », rappelle le spécialiste de politique internationale, soulignant toutefois que « les Allemands ont envie d’avancer, et Olaf Scholz a dit vouloir un gouvernement avant noël ». Un scénario qu’il juge crédible, eu égard aux « signaux envoyés par les libéraux et par les verts ».

 

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Une fois désigné, le futur chancelier devra s’attaquer à 3 chantiers prioritaires, analyse Alexis Karlins-Marchay : « la transition écologique, que vient appuyer le bon score des verts, la pauvreté dans certaines régions, et le manque d’infrastructures, notamment numériques ». Sur ce dernier point, il rappelle que lors des inondations de juillet qui avaient fait 190 morts, des communications étaient passée par fax, « ce qui a beaucoup choqué les Allemands ». En attendant que les négociations aboutissent, Angela Merkel reste à la chancellerie, disposant de 80% d’opinions positives après 16 ans au pouvoir. « Elle reste Mutti, la mère, à l’image de calme, de cohérence, de solidité et de raison, ainsi que de compassion » conclut Alexis Karklins-Marchay.

Béatrice Mouedine

 

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