Mozart a immortalisé la clarinette dans un concerto mémorable. Gershwin lui offre un solo époustouflant au début de la Rhapsody in blue. Quelle est l’histoire de cet instrument qui a si bien su inspirer les compositeurs ? Quelles particularités distinguent la clarinette des autres instruments ?
Instrument à vent, la clarinette appartient à la famille des bois
Vrai. La clarinette est un instrument à vent, c’est-à-dire qu’il faut souffler dedans pour produire un son. Dans le même temps, les doigts du musicien viennent boucher les trous, et ainsi produire différentes notes selon leur position. La clarinette se démonte en 5 parties, ce qui la rend très facile à transporter. Soit de bas en haut : le pavillon (par lequel le son est projeté), le corps bas, le corps haut, le barillet, et enfin le bec sur lequel est fixé l’anche. Si les clés de la clarinette sont en maillechort recouvert d’argent, son corps est fabriqué en bois – ce qui a donné le nom à sa famille d’instruments : les bois.
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L’anche de la clarinette est la même que celle du hautbois.
Faux. Morceau de roseau très fin, l’anche vibre lorsqu’on souffle dans le bec, et produit un son. Le hautbois et le basson, cousins de la famille des bois, sont eux aussi équipés d’une anche. Mais la leur est double (deux languettes de roseau l’une contre l’autre) quand celle de la clarinette est simple. Le son obtenu en est radicalement différent. Mais la sonorité chaleureuse de la clarinette n’est pas seulement due à son anche. Encore faut-il que le musicien sache pincer ses lèvres correctement, créer dans sa bouche une cavité résonnante (un peu comme les chanteurs), et positionner son diaphragme pour obtenir une « colonne d’air ». La gestion de la respiration est essentielle quand on joue de la clarinette : elle conditionne la beauté du son, mais aussi le legato et la capacité à tenir de longues phrases.
Le son chaleureux de la clarinette (anche simple) et celui, plus nasillard, du hautbois (anche double)
La clarinette est un instrument transpositeur, comme le cor ou le saxophone.
Vrai. On appelle transpositeur un instrument qui, lorsqu’il joue une note écrite sur la partition, en fait entendre une autre. Par exemple, le fait d’entendre un sol quand on joue un la. C’est le cas de la clarinette dite « en si bémol », qui est décalée d’un ton par rapport au do de référence. Elle couvre presque 4 octaves, soient 48 notes en tout. Pour étendre encore son ambitus, le musicien a recours à d’autres types de clarinette, en fonction de la tessiture voulue. Dans le medium, la clarinette en la complète celle en si bémol. Dans l’aigu, la « petite clarinette » en mi bémol, aussi appelée clarinette piccolo. Dans le grave, on trouve la clarinette basse, et même contrebasse. Celles-ci sont reconnaissables à leur forme particulière : plus grandes, elles présentent de plus un bec et un pavillon recourbés, un peu comme un saxophone. D’autres clarinettes existent encore, mais sont plus rarement utilisées, comme la clarinette en ut (la seule à ne pas transposer) ou la clarinette « sopranino ».
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Êtes-vous familier du langage du cor ?
Mozart a composé un concerto pour clarinette parce qu’il avait inventé cet instrument.
Faux. La clarinette est un dérivé du chalumeau. Cet instrument en bois, très utilisé au Moyen-Âge, ressemble à une sorte de flûte à bec avec une anche. Vers 1690, Johann Christoph Denner lui ajoute un pavillon et 2 clés : la clarinette est née. Au début du XiXème siècle, Heinrich Bärmann et Iwan Müller apporteront des modifications notables, avec le renversement du bec et l’ajout des autres clés. Enfin, Louis-Auguste Buffet adapte à la clarinette le système Boehm, mis au point pour la flûte. C’est ce modèle qui est toujours en vigueur aujourd’hui, même si les allemands et les Autrichiens lui préfèrent parfois le système Oehler.
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Mozart se prend de passion pour la clarinette en rencontrant Anton Stadler, musicien virtuose de l’orchestre de Vienne. Il intègre l’instrument dans ses dernières symphonies, lui confie des solos dans ses opéras (notamment La Clémence de Titus), l’insère dans des ensembles de petites tailles (Quintette, Sérénades) et lui compose un concerto. Après lui, Weber, Spohr et Crusell dédie aussi des concertos à la clarinette. L’instrument est désormais intégré à l’orchestre symphonique, et tous les compositeurs se délectent de son potentiel expressif, qu’il soit lyrique ou sarcastique. Elle est l’un des instruments choisis par Prokofiev pour incarner un personnage de son conte pour enfants Pierre et le Loup. L’univers du jazz s’empare à son tour de la clarinette, et les musiques traditionnelles (klezmer, bulgare…) ne sont pas en reste. Partout dans le monde, la clarinette remporte tous les suffrages.
Sixtine de Gournay