Frédéric Chopin, le virtuose romantique : Découvrez sa vie à travers ses morceaux les plus célèbres !

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Demandez le programme vous propose de découvrir en musique la vie de Frédéric Chopin. Si le créateur des Polonaises est marqué par une santé fragile, il reste malgré tout l’un des plus grands virtuoses du piano et une figure majeure de la musique romantique du XIXème siècle.

 

La Valse n°13, une composition en l’honneur de la cantatrice Konstancja Gladkowska

Chopin naît dans une famille unie et heureuse le 1er mars 1810. Ses parents – qui dirigent un pensionnat – ont un goût prononcé pour la musique. Si bien d’ailleurs que c’est assez jeune que son entourage repère chez Frédéric de réelles aptitudes au piano. Mais pas question d’en faire un singe savant. Chopin vit une enfance paisible et poursuit des études jusqu’au lycée. C’est à l’âge de 6 ans qu’il prend des cours de piano. Son professeur, Wojciech Zywny, va l’initier à Mozart, à Haydn et surtout à Bach. Car Chopin est familier du Clavier bien tempéré qui est, pour lui, la meilleure introduction au piano. Il a 17 ans quand il compose sa Polonaise en sol mineur. Il grandit dans une famille aimante. Sa mère l’adore et son père a une bonne situation. C’est donc assez vite que le jeune homme fréquente les cercles de l’aristocratie polonaise. Chaque jeudi, ses parents reçoivent des artistes et des intellectuels. Chopin a 22 ans quand il change de professeur de musique, quittant Zywny pour Václav Vilém Würfel.

Il adopte avec lui un jeu brillant qui le fait remarquer dans un concert. La presse note ainsi que « Le jeune Chopin s’est distingué dans son improvisation par la richesse de ses idées musicales et, sous ses doigts, cet instrument qu’il maîtrise parfaitement produisit une impression profonde ». Mais Chopin n’est pas qu’un fils à papa qui a tout pour lui. C’est un patriote qui s’intéresse à la culture polonaise, à ses traditions et aux chants populaires. Chopin connaît son pays, s’y intéresse et découvre la mazurka, une danse traditionnelle qui lui inspire ses compositions. En 1826, Frédéric est admis à la Haute école de musique de Varsovie où sévit la querelle entre classicisme et romantisme. Il choisit le romantisme, ce qui ne l’empêche pas d’apprendre la rigueur de la composition. Le 10 avril 1827, celui à qui tout réussi, est frappé au cœur. Emilie, sa sœur, meurt de la tuberculose, la même maladie qui l’emportera 22 ans plus tard. Premiers chagrins, premières amours, Chopin écrira à un proche : « J’ai peut-être, pour mon malheur, trouvé mon idéal. Je le vénère de toute mon âme. Il y a déjà six mois que j’en rêve chaque nuit et je ne lui ai pas encore adressé la parole ». Le compositeur parle de la cantatrice Konstancja Gladkowska qu’il a rencontré au conservatoire, mais à laquelle il ne déclarera jamais sa flamme, se contentant de la regarder en douce et de l’accompagner au piano. La Valse n°13 est composée pour la belle chanteuse.

Le Nocturne n°20 a inspiré Roman Polanski

Chopin a à peine 20 ans lorsqu’il compose le fameux Nocturne n°20, l’un de ses chefs-d’œuvre. La partition ne sera publiée qu’après sa mort. C’est ce même nocturne que l’on retrouve dans le film Le Pianiste de Roman Polanski, inspiré par l’amour qu’il porte à Constance. Les études finies, il veut donner des concerts publics et être payé. Il se met à composer sérieusement mais improvise pour sa première prestation publique. Quatre mois plus tard, le 17 mars 1830, il donne une seconde représentation avec au programme son Concerto en fa mineur. Le pianiste joue à guichet fermé. Quelques jours plus tard, Le courrier de Varsovie écrit : « Près de neuf cents personnes sont de nouveau venues hier, au deuxième concert de M. Chopin. Le virtuose a été salué par une tempête d’applaudissements ». Chopin, lui, pense toujours à Constance qui lui a inspiré le deuxième mouvement de ce concerto. Un concerto qui porte d’ailleurs le numéro 2 alors qu’il est, en réalité, le premier qu’il ait écrit. Avec ses improvisations, son premier succès et son allure, Chopin est lancé. Il a de l’ambition : « que m’importent les louanges locales ! Il faudrait savoir quel serait le jugement du public de Vienne et de Paris » dira-t-il. La France lui ouvrira ses bras. Ayant récemment découvert Paganini lors d’une série de concerts en Pologne, il est inspiré par ce qu’il appelle la « virtuosité transcendantale du violoniste ». De cette époque, date l’Étude op.10 n°10. Cette étude, et celles de la même période, seront dédiées à Liszt. D’un an son cadet, il entreprend, lui aussi, une carrière de concertiste à l’international. A cette époque, Constance conseille ceci à Chopin : « Pour faire la couronne de ta gloire impérissable, tu abandonnes les amis chers et la famille bien-aimée. Les étrangers pourront mieux te récompenser, t’apprécier ». Passé par Dresde et Prague, le compositeur arrive donc à Vienne le 23 novembre 1830. Quelques semaines plus tard, la Pologne entre dans une grande agitation politique et Chopin, le patriote, est partagé entre son ambition et son attachement au pays natal. De plus, les Autrichiens ne sont pas sensibles à son charme, il lui faudra 7 mois pour participer à un concert sans cachet…

La période n’est pas rose, Chopin est sans nouvelles des siens, il est pauvre et se résout à quitter Vienne le 20 juillet 1831 pour tenter sa chance à Paris. C’est à Vienne qu’il esquissera sa première Ballade, qu’il achèvera à Paris en 1835.A peine arrivé, il tombe sous le charme de la capitale : son agitation, ses lumières, sa vie artistique. Il s’installe dans le quartier du faubourg Poissonnière, donne des leçons de piano à la comtesse Emmanuela Potocka et devient le professeur de piano de la diaspora polonaise. Il trouve à Paris, la sympathie que ne lui manifestent pas les Viennois. Les leçons sont bien payées. Chopin peut s’habiller et se meubler si élégamment, que ses amis surnomment son appartement l’Olympe. En 1836, il s’installe à la Chaussée d’Antin. Franz Liszt, avec lequel il s’est lié, lui présente une femme fortunée. Aurore est mariée avec un époux qu’elle n’aime pas : Casimir Dudevant. C’est George Sand, le grand amour de Chopin dont il s’agit. Ils vont s’aimer avec des hauts et des bas, 9 années durant. A cette époque, Chopin est déjà fatigué, il goûte peu – contrairement à Liszt – les récitals et les concerts publics. Un an après sa rencontre avec George Sand, il compose ses premiers préludes aux Baléares, où il a cru pouvoir se reposer. Le voyage est un fiasco, mais Chopin est inspiré.

La Sonate pour piano et violoncelle op.65, synonyme du bonheur à Nohant

George Sand écrit à une amie en 1839 : « Ce Chopin est un ange, sa bonté, sa tendresse et sa patience m’inquiètent quelquefois ; je m’imagine que c’est une organisation trop fine, trop exquise et trop parfaite pour vivre longtemps de notre grosse et lourde vie terrestre. Il a fait à Majorque, étant malade à mourir, de la musique qui sentait le paradis à plein nez, mais je suis tellement habituée à le voir dans le ciel qu’il ne me semble pas que sa vie ou sa mort prouve quelque chose pour lui. Il ne sait pas bien lui-même dans quelle planète il existe, il ne se rend aucun compte de la vie comme nous la concevons et comme nous la sentons ». De 1839 à 1846, Chopin passe ses étés avec George Sand à Nohant, dans l’actuel département de l’Indre. Nohant est un cadre à la fois studieux et ludique. George Sand passe ses nuits à écrire, dort le matin et entretient une activité sociale l’après-midi et le soir. Outre le piano et la composition, Chopin s’amuse dans le petit théâtre de George. Il crée des scénettes qu’il accompagne au piano.  C’est une période heureuse pour Chopin qui y compose la majeure partie de ses œuvres, dont quelques-unes des plus importantes : la Polonaise héroïque, la 4e Ballade, la Berceuse, la Sonate op. 58, la Barcarolle, ainsi que la Sonate pour piano et violoncelle op.65.

 

À partir de 1842, Chopin ira de plus en plus mal. Au printemps 1842, son ami d’enfance, médecin, et lui aussi exilé à Paris, meurt des suites de la tuberculose à seulement 33 ans. Chopin le veille jusqu’au dernier jour et sa mort est un coup terrible pour lui. Il apprend plus tard la mort de son professeur de piano Zywny, demeuré un ami de ses parents. Au mois de mai 1844, son père meurt. La dépression de Chopin à cette époque est inquiétante et les hivers qui suivent sont de plus en plus difficiles à supporter. Entre la grippe qui l’abat pendant l’hiver 1845 et le printemps 1846 et la phtisie qui progresse, Chopin est de plus en plus affaibli. La rupture avec George Sand en 1847 n’arrange rien. Il réalisera une ultime tournée de sept mois en Angleterre et en Écosse. Mais la maladie et les concerts l’ont épuisé et il est sans le sou, car la médecine coûte cher. Il donne encore quelques leçons tout en étant allongé. Son ami le peintre Eugène Delacroix est là, bientôt rejoint par la sœur du compositeur, Ludvika. La maladie vient à bout de Chopin, qui s’éteint dans un appartement du 12 place Vendôme, loué pour lui par une amie richissime. Il a 39 ans. Avant de mourir et après avoir hésité, il s’est confessé. Rendant son dernier souffle, il lance aux amis présents : « Ne pleurez pas, chers amis. Je sens que je meurs. Priez avec moi. Adieu, au ciel. Je suis à la source du bonheur ». S’il fut malade toute sa vie, il existe un courrier envoyé de Majorque à son ami Julien Fontana, où il donne de ses nouvelles. On y découvre l’esprit et l’humour du pianiste qui se moque de ses médecins, même en étant malade : « Mon Julien, trois médecins — les plus célèbres de l’île — m’ont examiné. L’un a flairé mes crachats, l’autre a frappé pour savoir d’où je crachais, le troisième m’a palpé en écoutant comment je crachais. Le premier a dit que j’allais crever, le deuxième que j’étais en train de crever, le dernier que j’étais crevé déjà ».

David Abiker et Camille Taver

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