Vagues de chaleur : Les Français vont devoir s’y habituer

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La canicule s’apprête à frapper la France dès le mois de juin. Cette vague de chaleur précoce souligne les changements climatiques auxquelles les Français devront s’habituer, et avertit sur les nouvelles normes de températures de nos futurs étés.

« La France a subit 3 fois plus de vagues de chaleur sur les 30 dernières années »

Nous ne sommes encore qu’à la mi-juin mais le mercure s’emballe déjà. La France se prépare à l’arrivée d’une vague de chaleur exceptionnelle. Dès aujourd’hui, il va faire plus de 35 degrés dans le Sud-Ouest. C’est une énième illustration des conséquences du réchauffement climatique dont il va malheureusement falloir s’habituer. En effet, dès le 15 juin, la chaleur va s’installer d’abord sur la moitié Sud puis plus au Nord. Plus de 35 degrés et des pointes à 40 degrés sont prévus en fin de semaine dans le Sud-Ouest. C’est exceptionnel à cette période de l’année selon Samuel Morin, chercheur à Météo-France et directeur du Centre national de recherche météorologique : « cette vague de chaleur est exceptionnelle en matière de précocité. Ce type d’évènement à la mi-juin est extrêmement rare ». 

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Ces évènements sont certes exceptionnels mais finalement très cohérents avec ce qui est attendu depuis des années avec le dérèglement climatique. Les scientifiques ne sont pas surpris : « aujourd’hui les connaissances scientifiques sur les canicules et les vagues de chaleur sont très claires. Tout évènement de forte chaleur est rendu plus intense et plus sévère par les changements climatiques, c’est-à-dire par l’accroissement de la température dans l’atmosphère qui résulte des émissions de gaz à effet de serre ». Les vagues de chaleur sont donc plus intenses et plus fréquentes, et les statistiques des dernières années le confirment : « depuis 1947, sur les 43 vagues de chaleur qui ont été détectées, 9 se sont produites avant 1989 et toutes les autres ont eu lieu entre 1989 et 2020. Autrement dit, on a eu 3 fois plus de vagues de chaleur sur les 30 dernières années que sur les 40 années précédentes. Cela caractérise une nouvelle norme des conditions météorologiques vécues par l’homme ».

 

« En 2050, l’été 2003 sera considéré comme un été normal, voire légèrement frais »

Les modèles climatiques sont aussi très clairs sur ce qui nous attend dans les années à venir. Avec un réchauffement climatique qui va se poursuivre, ces vagues de chaleur vont devenir de plus en plus fréquentes selon Françoise Vimeux, climatologue à l’Institut de recherche pour le développement : « pendant la seconde moitié du 19ème siècle une vague de chaleur arrivait une fois tous les 50 ans. Désormais elle peut arriver tous les 10 ans. Cela va empirer. On va vers des niveaux de réchauffement de 1,5 degrés, et ainsi la probabilité sera d’une fois tous les 5 ans ». Il y aurait donc 2 fois plus de vagues de chaleur avec un réchauffement de 1,5 degrés qui sera atteint d’ici 2040. Avec un réchauffement de 4 degrés, le nombre de nuits tropicales, les nuits où il fait plus de 20 degrés, augmentera de 30 à 50 jours par an, et il pourrait y avoir une vague de chaleur par an.

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L’été 2003 marquée par une canicule exceptionnelle deviendra la nouvelle norme : « les projections climatiques pour le territoire français nous montrent que l’été 2003 à l’horizon 2050 sera considéré comme un été normal, voire légèrement frais ». Ces vagues de chaleur seront donc plus fréquentes, plus intenses, plus longues, plus précoces comme ce que l’on vit cette année mais aussi plus tardives. Selon les modèles climatiques qui se sont peu trompés jusque-là, la barre des 50 degrés pourrait être franchie en France en septembre dès cette année. Toutes les conditions sont désormais réunies. Les spécialistes appellent à s’y préparer, et à accélérer sur l’adaptation dans les villes, dans l’agriculture et dans la gestion de l’eau.

Baptiste Gaborit

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