Tsunamis, cyclones : Les oiseaux migrateurs peuvent-ils servir de sentinelles ?

Plusieurs chercheurs français ont lancé il y a quelques mois un projet de suivi GPS d’oiseaux migrateurs. L’objectif est de tenter de modéliser leur comportement face aux catastrophes naturelles comme les tsunamis et les cyclones.

Avant le tsunami qui a frappé l’Indonésie en 2004, des vols d’oiseaux vers les terres avaient été observés

Le comportement de certains de ces oiseaux intriguent les chercheurs. Ils pourraient être « capables de percevoir les infrasons produits par le vortex des cyclones ou par une vague de tsunami longtemps à l’avance », explique le biologiste et écologue Frédéric Jiguet, professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle. Les chercheurs tentent de repérer des comportements qui pourraient signaler qu’une catastrophe est en train d’arriver. Une hypothèse qui repose sur plusieurs observations, comme lors du tsunami qui a frappé l’Indonésie en 2004.

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Des survivants ont rapporté avoir vu les vols d’oiseaux entrant dans les terres avant l’arrivée de la vague, « avant que les hommes ne comprennent que quelque chose d’étrange se passait », précise Frédéric Jiguet. Le biologiste ajoute que « plusieurs études dans l’Océan Indien ont montré que des oiseaux marins avaient des comportements d’évitement à l’arrivée d’un ouragan sur les îles Eparses (situées autour de Madagascar NDR) ». Les fous à pieds rouges sont partis en mer pour le contourner, et les frégates superbes sont montées en altitude, pour laisser passer l’œil du cyclone, avant de redescendre.

 

Le comportement des oiseaux-migrateurs pourrait permettre de compléter le système d’alerte pour prévenir les populations

Des oiseaux migrateurs capables de détecter les infrasons de cyclones ou de tsunamis : pour valider cette hypothèse, Frédéric Jiguet et ses équipes vont poser des balises sur 5 espèces d’oiseaux migrateurs : le courlis d’Alaska, la barge rousse, le pluvier du Pacifique, le chevalier errant et la sterne fuligineuse. La balise pèse 5 grammes et suit les déplacements des oiseaux, envoie les données GPS à la Station Spatiale Internationale (ISS) qui les renvoie sur les ordinateurs des chercheurs. La première phase consiste à observer et décrypter le comportement des oiseaux, les croiser avec des données météorologiques pour éventuellement les mettre en lien et déterminer des comportements types.

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Il s’agirait ensuite de mettre au point des algorithmes d’analyse, qui pourront identifier ce type de comportements, dans les données collectées. Si cela fonctionne, ces oiseaux migrateurs pourraient donc venir compléter et affiner les systèmes d’alertes pour prévenir au plus tôt les populations. La première expédition des chercheurs français a eu lieu en janvier dernier en Polynésie française. Ils ont posé des balises sur 45 oiseaux. Ils repartiront dans 1 mois, toujours en Polynésie française et iront l’an prochain en Nouvelle-Calédonie et en Alaska. Ils veulent équiper au total 350 oiseaux migrateurs.

Baptiste Gaborit

 

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