La sécheresse et les vagues de chaleur en France favorisent l’apparition des feux de forêt. Les spécialistes alertent sur la probabilité de voir la fréquence et l’intensité des incendies se multiplier sur le territoire français.
« Tous les ingrédients nécessaires réunis pour le déclenchement d’un feu de forêt »
Le Sud de la France est déjà touché par plusieurs feux de forêt. Le 13 juin dans le Gard près de 200 hectares ont brûlé. Un autre feu est en cours dans les gorges du Tarn. Avec la sécheresse et les vagues de chaleur, le « risque incendies » est au maximum et les prévisions sont inquiétantes. En effet, le Sud de la France connaît depuis des jours maintenant des températures supérieures à 30 degrés, voire 35 degrés. La vague de chaleur s’installe et avec elle des conditions idéales pour les départs de feu. Le commandant Eric Brocardi, porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, alerte sur l’accumulation de facteurs à risque : « tous les ingrédients nécessaires sont réunis. On parle de la règle des trois 30, c’est-à-dire une humidité dans l’air inférieure à 30%, des températures supérieures à 30 degrés et un vent qui pousse parfois sur certaines zones à plus de 30 km/h. Ce trio de facteurs peut favoriser le déclenchement d’un feu de forêt qui peut ensuite parcours des milliers d’hectares ».
A lire aussi
Comme pour la vague de chaleur, la saison des feux de forêt commence plus tôt cette année. Selon Julien Ruffault, chercheur à l’INRAE et spécialiste du lien entre changement climatique et feux de forêt, le dessèchement de la végétation serait en cause :« sur la fin du siècle dans les scénarios pessimistes, on envisage de voir tripler les surfaces brûlées dans le sud de la France par rapport à ce qu’on observe actuellement ». Ce sont donc dans des conditions, de sécheresse et de fortes chaleurs, que l’on observe les plus gros feux. Ainsi, les modèles sont assez clairs, les incendies seront plus nombreux et plus intenses dans les années à venir.
Des « méga-feux » pourraient bientôt arriver en France
Le « risque incendie » progresse également. Les surfaces à risque devraient augmenter de 30% en France d’ici 2050. De nouvelles zones sont désormais concernées, comme la Normandie et la Bretagne. La Loire-Atlantique vient d’être placée par exemple en vigilance incendies. Il va donc falloir s’adapter, et accélérer sur la prévention, les contre-feux et la formation des pompiers. Pourtant Julien Ruffault doute que ces mesures soit suffisantes : « la question est de savoir jusqu’à quand cette situation peut tenir. Face à l’intensification des conditions, on observe qu’au Portugal, en Grèce, aux Etats-Unis ou en Australie la situation échappe aux autorités. Toutes ces mesures de prévention marchent très bien pour des feux de moyenne intensité mais pour les nouveaux feux extrêmes elles sont beaucoup moins efficaces ».
A lire aussi
En effet, avec le changement climatique, tous les experts s’attendent à voir des feux plus nombreux mais également plus intenses. Un phénomène qu’on appelle « les méga-feux ». Ce sont des feux difficilement contrôlables qui vont bientôt arriver en France. Le député François-Michel Lambert, auteur d’un rapport sur le sujet en début d’année, alerte sur la menace que les incendies représentent pour les Français : « on estime qu’il y a 500 000 habitations où le risque d’incendie est élevé, et dans lesquelles les pompiers auraient du mal à intervenir pour sauver les habitants. Si d’autres réponses que la destruction de ces habitations existent, il faut avoir le courage politique de prendre les bonnes décisions. Nous avons pris beaucoup trop de retard sur le sujet alors que c’est une urgence première ». Le député propose également de mettre en œuvre l’obligation de débroussaillement car selon lui elle ne serait respectée qu’à 30% aujourd’hui.
Baptiste Gaborit