Rupture d’un glacier dans l’Himalaya : le phénomène inquiète en France

Starus / Wikimedia

Un glacier s’est décroché dans la chaîne de l’Himalaya au nord de l’Inde déclenchant une crue éclair plus bas dans la vallée. Le bilan provisoire de cette catastrophe s’élève à 32 morts et plus de 170 disparus, alors que les enquêtes pour en savoir plus sur l’origine du drame se multiplient.

Rupture du glacier : une vague déferlante atteignant une vitesse de 300 km/h a tout détruit sur son passage

Plusieurs dizaines de scientifiques se sont immédiatement penchés sur la question de l’effondrement de ce glacier situé dans le région du Nanda Devi. Deux hypotèses sont pour l’instant avancées : la première est celle du glissement du glacier de son socle provoqué par une hausse de température de la glace collée à la roche, la deuxième, plus probable, est la déstabilisation de la roche elle-même située sous le glacier. Ludovic Ravanel, chercheur au CNRS, détaille cette théorie : « cette masse rocheuse est elle aussi à température négative, ce qui est appelé permafrost, et, vraisemblablement ce permafrost s’est réchauffé au cours des dernières décennies ».

A lire aussi

 

Le glacier en question était un glacier suspendu situé à 5600 mètres d’altitude sur des versants avec des pentes à 30 degrés. En s’écroulant, il a entraîné avec lui un mélange d’eau et de roche jusqu’en bas de la vallée à 3800 mètres. Patrick Wagnon, glaciologue à l’institut des géosciences de l’environnement à Grenoble décrit ce phénomène de lacs torrentiels : « la vague descend à une vitesse de 200 à 300 km/h et la glace fond instantanément ce qui crée une eau gorgée de sédiments à la puissance dévastatrice extrêmement importante ».

 

Plusieurs glaciers sont sous haute surveillance dans les Alpes

Cette vague qui a déferlé dans la vallée a atteint plus de 15 mètres de haut et a tout emporté sur son passage, notamment un barrage en construction et une centrale hydraulique. Le glissement d’un glacier est un phénomène rare mais qui inquiète, notamment en France où plusieurs glaciers sont sous haute surveillance dans les Alpes.

A lire aussi

 

Patrick Wagnon et Ludovic Ravanel s’accordent sur le fait qu’il est impossible de tirer des conclusions claires pour ce cas précis dans l’Himalaya, mais, avec le réchauffement climatique, les déstabilisations de glaciers vont devenir plus fréquentes. Ludovic Ravanel rappelle que « à la fin de l’été caniculaire de 2017 plus de 3 millions de mètres cubes de roche s’étaient déstabilisés en Suisse provoquant une coulée boueuse qui a endommagé ou détruits une centaine de bâtiments ». Heureusement, l’incident n’a fait aucune victime mais le village a été évacuée grâce à la surveillance mise en place sur les parois glaciaires.

Baptiste Gaborit

Ecoutez 3 minutes pour la planète

Retrouvez l’actualité du Classique