Réchauffement climatique : L’apparition de microalgues toxiques menace les plages françaises

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A cause du réchauffement climatique, les microalgues sont de plus en plus présentes sur les côtes françaises. Ce phénomène est particulièrement surveillé par les scientifiques, et représente une menace pour les baigneurs et les cultures de coquillages.

Ces apparitions sont sans doute la conséquence du réchauffement climatique et de l’augmentation de la température de l’eau

C’est la Journée mondiale des océans ce 8 juin. On sait que les océans subissent de plein fouet le réchauffement climatique. Entre acidification, hausse de la température de l’eau et perte d’oxygène, les scientifiques s’intéressent également à la prolifération de microalgues toxiques. L’an dernier sur le littoral du Sud de la Bretagne on avait observé l’apparition d’une microalgue du nom de lingulodinium polyedra. Ces dernières semaines cette algue a été repérée en grand nombre. Selon Maud Lemoine biologiste à l’IFREMER à Nantes et coordinatrice nationale du réseau de surveillance du phytoplancton et des toxines dans les coquillages, on note une recrudescence de la présence de ces algues : « on voit régulièrement cette microalgues en petite quantité sur le littoral métropolitain. Pourtant depuis un an on observe son efflorescence. Elle se développe grandement pour atteindre de très fortes concentrations dans l’eau de mer. Ainsi, l’eau en Bretagne Sud prend des couleurs rougeâtres car on atteint plus d’une centaine de cellules par litre d’eau de mer ».

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Cela entraîne parfois aussi des odeurs nauséabondes comme on peut le constater sur le Nord de la Loire-Atlantique et dans le Morbihan. La lingulodinium libère également une toxine qui contamine les coquillages mais pour l’instant, les concentrations sont inférieures au seuil règlementaire. Les scientifiques de l’Ifremer suivent avec attention une autre microalgue appelée ostreopsis. Selon Phillipe Hess, chercheur en phycotoxines à l’Ifremer, cette microalgue tropicale est présente dans nos eaux métropolitaines depuis les années 70  : « en 1972, on a observé une première fois en France son apparition sur la côte méditerranéenne. En 2000 le développement de ces algues a commencé à déranger les baigneurs et les surfeurs. L’année dernière on a détecté cette algue sur les côtes du Golfe de Gascogne ». Cette apparition est sans doute la conséquence du réchauffement climatique et de l’augmentation de la température de l’eau.

La toxine des microalgues contamine les coquillages

L’été dernier sur la côte basque, 800 personnes ont déclaré des symptômes d’intoxication, telles des démangeaisons, et des plages ont été fermées. Une autre microalgue toxique, la gambierdiscus, est en train d’étendre son aire de répartition. Favorisée par l’acidification des océans, elle apporte la ciguatera, une intoxication alimentaire via la consommation de crustacés ou même de poissons. Alors si elle n’est pas encore sur nos côtes, d’autres microalgues bien plus connues sont déjà sous surveillance. Maud Lemoine nous indique les dangers du Dinophysis : « cette algue a des proies qui avec le réchauffement climatique vont être davantage présentes. Les conditions sont pleinement favorables à son développement« . Pourtant, le Dinophysis est responsable chaque année sur le littoral français de fermetures d’exploitations conchylicoles et d’interdiction de la pêche à pied. En effet, sa toxine contamine les coquillages. L’enjeu est donc de mieux connaître ces algues afin de tenter de s’y adapter. L’Ifremer vient d’ailleurs de créer Phytox, une nouvelle unité de recherche spécialisée sur ces microalgues.

Baptiste Gaborit

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