Pollution de l’eau : Un plan nitrates vivement critiqué par les associations

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C’est un dossier sensible dans le monde agricole : le 7e plan d’action national nitrates vient d’être finalisé par le gouvernement. Il a été présenté à plusieurs acteurs vendredi dernier. Son objectif est de faire baisser la pollution de l’eau par les nitrates et réduire ainsi par exemple, les échouages d’algues vertes. Les associations dénoncent un plan sans ambitions.

La qualité de l’eau est touchée mais il existe aussi des conséquences sur la qualité de l’air

C’est une pollution pourtant qualifiée de majeure. Et si on parle beaucoup des algues vertes, les conséquences d’un trop plein d’azote et donc de nitrates dans les sols ne se limitent pas à ça. Selon Arnaud Clugery directeur de l’association Eau et Rivières de Bretagne : « c’est une pollution que l’on a tendance à minimiser. Le cycle de l’azote est considéré comme une pollution majeure de la biosphère. Traiter de cette question est donc traiter d’un problème majeur environnemental ». La qualité de l’eau est touchée et il y a aussi des conséquences sur la qualité de l’air puisque les engrais azotés – qui contiennent des nitrates – participent aussi à la pollution atmosphérique. Le problème est que ce 7e plan d’action contre les nitrates ne propose aucune réelle avancée selon les associations : « globalement on ne prend pas le taureau par les cornes. On ne veut pas admettre qu’il va falloir repenser cette agriculture industrielle. Il faut traiter la question de l’azote, des pesticides, de la biodiversité agricole. On a donc besoin d’une politique publique à savoir une politique nitrate qui soit ambitieuse ».

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Les nitrates sont soit d’origine organique : ce sont les fumiers, les lisiers ou d’origine minérale via les engrais azotés, chimiques. Le plan reprend des mesures destinées à limiter la fuite des nitrates avec un plafond de fertilisation dans les cultures pour éviter les trop plein dans le sol. Des contrôles sur les stockages des effluents d’élevage sont des mesures nécessaires mais insuffisantes selon Arnaud Clugery pour faire baisser durablement les taux de nitrate dans l’eau : « il faut des mesures qui orientent les systèmes agricoles vers des systèmes plus vertueux. Par exemple on parle beaucoup de nouveau système environnemental mais cela ne dit rien sur l’azote. On réclame donc l’interdiction de l’utilisation d’engrais à base d’azote ».

« Sur ces couverts végétaux on peut être encore plus performants mais pour cela on doit être accompagnés par l’Etat »

Ce plan national est décliné localement dans les régions dites vulnérables comme en Bretagne par exemple. La concertation est en cours mais pas question pour la FNSEA d’accepter de nouvelles contraintes. Christian Mochet, producteur de lait en Ille-et-Vilaine, responsable du dossier nitrates pour la FNSEA en Bretagne : « on dit souvent une expression qui est que les animaux vont monter dans le camion c’est-à-dire que les agriculteurs – qui sont déja dans un contexte économique ou il n’y a pas de rémunérations – se retrouvent avec ces contraintes environnementales en prime. Beaucoup d’agriculteurs vont devoir vendre leurs animaux et travailler ailleurs ».

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La FNSEA plaide pour des solutions agronomiques : des couverts végétaux pour augmenter l’absorption des nitrates : « sur ces couverts végétaux on peut être encore plus performants pour limiter encore l’apport d’engrais minéral mais là encore il faut de la technique, de la diffusion d’information et de l’efficacité. Pour cela on doit être accompagnés par l’Etat » clame Christian Mochet . En juin dernier, le tribunal administratif de Rennes avait annulé le plan régional, jugé trop peu ambitieux. La concertation se termine cette semaine, le vendredi 10 décembre, pour un plan qui entrera en application l’année prochaine.

Baptiste Gaborit

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