Pérou : Pingouins et cormorans, premières victimes de la marée noire

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C’est une marée noire tristement historique pour un pays comme le Pérou. Le pétrole qui s’est échappé d’un tanker il y a un peu plus de 15 jours continue de souiller le littoral péruvien. Le gouvernement vient de doubler son estimation des barils de pétrole déversés en mer.

Au Pérou, 180 hectares de littoral sont déjà souillés selon le gouvernement

L’équivalent de près de 12 000 barils de pétroles seraient partis en mer le 15 janvier dernier, au nord de Lima. Le gouvernement tablait auparavant sur 6 000 barils. Selon Ruben Ramirez, ministre péruvien de l’Environnement : « nous n’aurions jamais pensé qu’un évènement comme cette fuite de pétrole se produirait. Nous sommes confrontés à un scénario sans précédent dans l’histoire environnementale de notre pays ». La nappe de pétrole a été poussée par les courants jusqu’à 140 kilomètres au nord de la raffinerie. 180 hectares de littoral sont déjà souillés, selon le gouvernement et ce, malgré les mesures mises en place : « 2 000 personnes sont mobilisées sur le littoral. Nous avons 52 navires qui font un travail de confinement et de récupération de la matière huileuse ».

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12 000 barils, c’est l’équivalent de 1 700 tonnes de pétrole. A titre de comparaison, 20 000 tonnes de pétrole avaient fini dans la mer après l’échouage de l’Erika. C’est donc bien moins, mais les images sont là aussi dramatiques : celles de plages couvertes de pétrole, entièrement souillées. Selon Antidia Citores, la porte-parole de l’ONG Surfrider : « on a plus de 9 000 mètres cubes de sols avec des résidus polluants qui ont été collectés dans l’eau. On en est qu’au début du nettoyage, à voir s’il y aura d’autres déversements. Le constat n’est pas terminé à l’heure actuelle car certains barrages n’arrivent pas à contenir le pétrole ». Avec des conséquences terribles sur la biodiversité de la région : des images de pingouins ou d’oiseaux mazoutés qui tentent de survivre sur les plages et des centaines d’autres déjà morts. « Il y a énormément de biodiversité qui a été touchée comme des pingouins, mais aussi des cormorans et des centaines d’autres oiseaux mazoutés. Ce sont des dégâts importants sur les zones touchées » affirme Antidia Citores.

Repsol : 4 responsables du groupe ont interdiction de sortir du pays pendant 18 mois

Autre conséquence aussi, des centaines de pêcheurs artisanaux sont au chômage. L’état péruvien a déclaré l’urgence environnementale. Une enquête est lancée. La fuite de pétrole a eu lieu pendant le déchargement d’un tanker dans une raffinerie. L’état péruvien parle de négligence. La raffinerie, propriété du groupe espagnol Repsol, rejette la responsabilité sur la forte houle présente en mer ce jour-là après l’éruption volcanique aux îles Tonga et le tsunami dans le Pacifique. «Vraisemblablement il y aurait une absence de plan d’urgence déclenché dans les délais, même plusieurs jours après. De son côté la raffinerie estime que le Pérou n’a pas été assez alertant à l’encontre de ses acteurs portuaires pour indiquer les conséquences de l’éruption et du tsunami » clame Antidia Citores.

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Le vendredi 28 janvier, la justice péruvienne a interdit à 4 responsables du groupe Repsol de sortir du pays pendant 18 mois. C’est le temps de pouvoir poursuivre l’enquête pour pollution aggravée de l’environnement à l’encontre de l’état péruvien.

Baptiste Gaborit 

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