C’est un sujet sur lequel travaillent de plus en plus de climatologues et qui les inquiètent. Une quinzaine de points de bascule ont été identifiés et tous sont scrutés car ils pourraient faire basculer la machine climatique.
Tous ces points vont entraîner un emballement du système climatique
Ce sont ces points qui au-delà d’un certain seuil de réchauffement basculent de manière irréversible. Selon Jean-Baptiste Sallée, océanographe, climatologue au CNRS, auteur du dernier rapport du GIEC (le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) : « il y a tous ces éléments du système climatique qui peuvent basculer dans un état nouveau et qui peuvent changer d’état. C’est notamment le cas des calottes polaires, de la circulation océanique et du dépérissement forestier. La grande question est de savoir à quel seuil et à quel moment cela va arriver ».
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Parmi les points de bascule identifiés il y a les calottes polaires. A partir d’un certain seuil, les glaciers pourraient être, de manière irréversible, précipités dans l’eau. Il y a aussi le dépérissement des systèmes forestiers comme l’Amazonie par exemple. A partir de quel seuil cette forêt tropicale ne pourra plus se régénérer et deviendra non plus une forêt mais une savane ? Il y a encore beaucoup d’incertitudes mais une chose est sûre tous ces « tipping points » pourraient entraîner un emballement du système climatique. « Un certain nombre de ces points de bascules sont associés à ce qu’on appelle des rétroactions positives, c’est-à-dire un relâchement de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Il y a peu de risque que cela bascule au 21è siècle pour le pergélisol et les dépérissements forestiers mais il faut prendre en considération ces éventualités pour prendre connaissance du pire qui pourrait arriver et ainsi pouvoir s’adapter correctement » clame Jean-Baptiste Sallée.
L’Amazonie pourrait ne plus capter de carbone mais en émettre
La fonte du pergélisol en arctique pourrait relâcher les milliards de tonnes de CO2 pour l’instant stockées. L’Amazonie pourrait aussi ne plus capter de carbone mais en émettre. Autre exemple, sur les glaciers en Antarctique : deux de ses glaciers, Thwaites et Pine Island situés en Antarctique de l’Ouest sont particulièrement surveillés. Ils perdent, ces dernières années, de la glace selon Catherine Ritz, chercheuse à l’Institut des géosciences de l’environnement à Grenoble, spécialiste de l’Antarctique : « cela fait 30 ans qu’on les voit accélérer et leur épaisseur diminue. Pour ces deux glaciers et avec le climat actuel on se dit qu’il est peut-être trop tard ».
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Si les barrières de glace cèdent et que ces deux glaciers partent à la mer, l’impact sur la montée des eaux serait colossal. « Dès que l’on dépasse les 2 degrés, toutes les simulations montrent une grosse déstabilisation de l’Antarctique de l’Ouest avec des glaciers qui envoient de plus en plus de glace à l’océan. Rien que pour Thwaites il faut compter au moins 1,50m voire 2m de montée des eaux. On l’appelle le talon d’Achille de l’Antarctique » confie Catherine Ritz . 2 mètres de montée des eaux au niveau mondial sont donc à prévoir mais sur quelle durée ? 200, 300, 1000 ans ? Il n’y a pas de consensus.
Baptiste Gaborit