Guerre en Ukraine : La France va-t-elle relancer des centrales à charbon ?

Jean-Marc Pascolo / wikimédia commons

La France va-t-elle devoir relancer des centrales à charbon pour ne pas manquer d’électricité l’hiver prochain ? La question est sur la table pour la centrale de Saint-Avold, en Moselle, qui devait pourtant fermer ses portes définitivement ce jeudi 31 mars.

Saint-Avold à plein régime permet d’alimenter selon les salariés 500 000 foyers en électricité

Saint-Avold a même été déconnectée du réseau électrique français mercredi 30 mars à 10H34, mais pour combien de temps ? La question de son redémarrage est étudiée, indiquait en début de semaine le ministère de la Transition écologique. C’est même sans doute inévitable selon Nicolas Goldberg, expert du marché de l’énergie pour le cabinet Colombus Consulting : « on a trop de réacteurs nucléaires arrêtés pour des questions de maintenance, ou en raison des corrosions découvertes l’an dernier sur certains réacteurs. On a aussi arrêté énormément de centrales fossiles ces 10 dernières années, et puis il y a cette incertitude liée aux livraisons de gaz russe« . Autant de problèmes qui s’accumulent, selon Nicolas Goldberg.

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Saint-Avold à plein régime permet d’alimenter selon les salariés 500 000 foyers en électricité. « C’est une petite centrale », note l’expert, qui assure qu’elle « ne pollue pas énormément, surtout si elle est peu utilisée ». La mauvaise nouvelle, c’est qu’elle n’apporte qu’une petite sécurité. Sur place, pour les syndicats, relancer Saint-Avold, c’est du bon sens. Un redémarrage serait techniquement possible à l’automne prochain et rapidement, estime Jean-Pierre Damm, délégué syndical FO de la centrale : « si on entretient en prévision d’un redémarrage, nous pourrions être opérationnel 8 jours après ». A condition donc, de l’entretenir d’ici là… Plus la décision sera longue à prendre, plus grandes seront les difficultés, assure le syndicaliste.

 

C’est le flou aussi à Cordemais qui doit elle fermer en 2026 au plus tard

La direction de GazelEnergie, propriétaire de la centrale, est d’accord également pour la relancer. Le gouvernement de son côté attend de nouvelles données du gestionnaire du réseau, RTE, sur l’approvisionnement électrique ainsi que les résultats d’un audit commandé à EDF pour trouver de nouvelles marges de manœuvre. Si redémarrage il y a, le gouvernement a fixé notamment une condition : pas de charbon russe.

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La centrale de Cordemais en Loire-Atlantique pourrait aussi produire plus l’hiver prochain. Elle est la dernière centrale à charbon en activité en France. Le gouvernement assure en tous cas que cela ne remet pas en cause la sortie du charbon en France. La relance de Saint-Avold ne serait que temporaire. Sur place, plusieurs projets de reconversion du site sont toujours à l’étude, notamment celui d’une unité de production d’hydrogène vert à grande échelle. C’est le flou aussi à Cordemais qui doit elle fermer en 2026 au plus tard. Le gouvernement a relancé le mois dernier un appel à manifestation d’intérêts pour un projet de centrale biomasse. Plusieurs entreprises travaillent dessus mais rien n’est encore acté. Dernière option, que la production de charbon se poursuive encore un peu, notamment à Saint-Avold, et ce n’est pas impossible. Des centrales à charbon devraient être relancées également en Allemagne, en Italie ou en Bulgarie pour diminuer les importations de gaz russe…

Baptiste Gaborit

 

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