Cet accord devait être le grand rendez-vous pour entériner les promesses de la COP21, il y a six ans. Mais le texte final est décevant, surtout pour les pays en développement qui n’ont pas obtenu les aides financières à la hauteur des bouleversements climatiques qu’ils subissent déjà.
L’Inde, soutenue par la Chine, a fait un véritable coup de poker
Il y a tout de même eu une grande première dans cet accord : la mention des énergies fossiles. Selon Sébastien Treyer, le directeur général de l’IDDRI, l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales : « c’est la première fois et cela paraissait très étrange que les énergies fossiles ne soient jamais au centre de la discussion. Elles étaient toujours sous-entendues. Les pays producteurs de pétrole s’étaient toujours arrangés pour qu’elles ne soient jamais mentionnées dans les textes. Cette fois-ci, les énergies fossiles sont mentionnées dans le texte même si c’est encore très faible ». Faible parce qu’à la dernière minute, l’Inde soutenue par la Chine, a fait un véritable coup de poker en jouant la montre. « Seul le charbon est mentionné et il n’est plus question de sortir du charbon d’ici une date précise, mais seulement de réduire la production d’électricité à partir de celui-ci » déplore Lucie Pinson de l’ONG Reclaim Finance.
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Le plus remarquable dans cette COP se trouve sans doute ailleurs : dans les déclarations unilatérales et multilatérales qui ont été faites en parallèle de l’accord des Nations Unies. De la réduction du méthane, à l’arrêt de la déforestation en passant par l’annonce surprise d’une coopération entre les Etats-Unis et la Chine et ce, en pleine guerre économique sino-américaine. Pendant ces 2 semaines de COP, il y a eu toute une forêt de déclarations prises individuellement ou par groupe de pays. Selon Sébastien Treyer : « il y en a eu beaucoup, presque même trop. Certaines étaient toutefois intéressantes je retiens notamment l’annonce de l’Inde au tout début de la COP au sujet d’une neutralité carbone en 2070. Cela paraît loin mais c’est ancré dans un plan en 5 points qui contient une très forte augmentation des énergies renouvelables dans les 10 ans qui viennent ».
Accord de Glasgow : il faudra s’attendre à 2,4 degrés de réchauffement climatique d’ici la fin du siècle
Ces déclarations semblent dessiner une nouvelle dynamique, moins rigide que le consensus demandé dans un accord de COP : celle d’une politique internationale de l’environnement à la carte. Et c’est sans doute cela aussi qui a affaiblit l’accord final de la COP26 remarque Lucie Pinson. Attention également aux effets d’annonce dit-elle : « tous ces engagements volontaires, pris par un petit groupe de pays à chaque fois, restent encore à traduire dans les législations nationales pour produire véritablement des effets. Pour l’instant les estimations montrent que l’on arriverait à couvrir seulement de 9%, l’écart qu’il nous faut faire si l’on veut vraiment tenir l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 degré ». Bien loin de ces 1,5 degré, on serait plutôt avec l’Accord de Glasgow, autour des 2,4 degrés de réchauffement d’ici la fin du siècle avec toutes les conséquences catastrophiques que cela pourrait engendrer.
Laurie-Anne Toulemont