Bretagne : Les algues vertes toujours aussi toxiques, selon une nouvelle étude

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En juillet dernier, un rapport de la Cour des comptes critiquait les insuffisances des « plans algues vertes ». Le premier avait débuté en 2010, le plan algues vertes actuel prendra fin en 2021, et un troisième plan au niveau national est en préparation.

Quand les algues vertes pourrissent, du sulfure d’hydrogène s’en dégage et c’est un gaz nocif, qui peut être mortel

Mercredi, une nouvelle étude menée à Hillion (Côtes-d’Armor) a encore relevé un taux d’hydrogène sulfuré très élevé libéré par les algues vertes en décomposition. Les associations demandent aux pouvoirs publics des mesures fortes face à ce danger environnemental et sanitaire. Des plages verdoyantes à l’odeur pestilentielle : un paysage qui inquiète depuis plus de 30 ans Jean Hascoët, président de la Baie de Douarnenez Environnement. Il pointe « le symptôme visible d’une pollution ». A l’origine de ces algues vertes : des fuites de nitrate agricoles, qui s’expliquent selon France Nature environnement par l’industrialisation de la Bretagne commencée il y a un demi-siècle.

 

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Et ces nitrates représentent un risque pour l’environnement comme pour la santé. Quand les algues vertes pourrissent, du sulfure d’hydrogène s’en dégage et c’est un gaz nocif, qui peut être mortel. Jean Hascoët, également membre de l’association d’Eau et Rivières de Bretagne ne peut cacher son pessimisme sur les actions des pouvoirs publics qu’il juge limitées. « Les plans se succèdent depuis presque 30 ans », constate-t-il, « et il n’y a pas de changement fondamental des pratiques. On a une pollution telle que ce n’est pas suffisant ». Dans les cours d’eau bretons, le taux moyen de nitrate est actuellement estimé à 30 milligrammes par litre d’eau, or il faudrait descendre sous la barre des 10. La solution pour venir à bout de ce fléau est pourtant clairement identifiée, explique Patrick Durand, chercheur à l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) : « la solution se trouve du côté de l’agriculture et de ce qu’on lui demande collectivement ».

 

« Il faut en finir avec l’agriculture intensive sur ces bassins versants, notamment les porcheries »

Un troisième plan algues vertes doit bientôt voir le jour. Yves-Marie Le Lay, président de l’association Sauvegarde du Trégor-Goëlo-Penthièvre, attend des mesures concrètes pour diminuer au maximum les algues vertes : « Il faut atteindre moins de 10 mg par litre de nitrate dans les eaux douces des rivières qui se jettent dans les baies. Ensuite, il faut se donner les moyens d’y arriver, et pour ça il faut en finir avec l’agriculture intensive sur ces bassins versants, notamment les porcheries. Or le gouvernement actuel, y compris le gouvernement de la région, continuent de subventionner les super porcheries. Si on ne remet pas en cause radicalement les modes de cultures sur ces bassins versants, on aura des marées vertes. Ça ne sert à rien de subventionner des cultures en disant de mettre un petit peu de nitrate. Il faut changer les modes de cultures ». L’association Eau et Rivières de Bretagne appelle à rendre publics les résultats d’analyse de la qualité de l’air sur les plages touchées par les algues vertes.

Juliette Pietraszewski

Ecoutez le reportage de Juliette Pietraszewski

 

Yves-Marie Le Lay, président de l’association Sauvegarde du Trégor-Goëlo-Penthièvre

 

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