Plus d’un million d’obstacles perturbent les courants d’eaux douces en Europe, et cela a des conséquences sur la biodiversité de tout le continent. Amber, une vaste étude européenne a cartographié les barrages, écluses, déversoirs, toutes ces constructions qui fragmentent les cours d’eau en Europe. Il a fallu 4 ans pour y parvenir.
Le saumon l’anguille et la truite de mer se font de plus en plus rares
Premier enseignement de cette étude Amber : il y a deux fois plus d’obstacles en moyenne que ce que l’on pensait, soit un obstacle tous les kilomètre et demi. Il faut bien comprendre que c’est tout un ecosystème qui est perturbé quand on touche aux cours d’eau. Les rivières européennes sont moins peuplées, et le nombre de poissons migrateurs qui grandissent en mer et se reproduisent en rivière (ou l’inverse) se réduit. Ces espèces comme le saumon, l’anguille, la truite de mer se font de plus en plus rares.
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Depuis le milieu des années 90, 80 barrages ont été soit supprimés, soit aménagés sur La Touques, en Normandie, pour atteindre un écoulement naturel , et la différence est notable : le site est classé parmi les meilleures rivières à truites de mer en France. Autre conséquence, lorsqu’on freine volontairement un cours d’eau, les sédiments circulent moins bien et la flore est moins riche. L’eau stagne, elle s’évapore trop et se réchauffe. Les algues prolifèrent et les rivières peuvent étouffer en quelques sortes.
En enlevant les barrières de la Touques, l’eau s’est rafraîchie.
Des passe-poisson ont été installés sur le Rhin, pour permettre aux espèces de remonter le courant
Doit-on alors supprimer les barrages et les obstacles ? On peut déjà commencer par supprimer ceux qui sont abandonnés et qui ne servent plus à rien. En Europe c’est au Benelux, au Danemark sur la Côte Atlantique française que les cours d’eau sont les plus contrariés. Il faudrait aussi aménager nos rivières plus intelligemment. C’est le message de l’étude, avec, par exemple, ce qu’on appelle les « passe-poisson ». Ça a été fait sur le Rhin, pour permettre aux espèces de remonter le courant. Nous avons dix ans pour redonner de la liberté aux rivières, pour parvenir aux objectifs, le recensement de tous les barrages doit se poursuivre. Le programme Amber a donc mis en place une application pour que les particuliers signalent les obstacles dans les cours d’eau et rivières.
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