Les fouilles ont duré pendant près de 4 ans dans le secret le plus total pour éviter les curieux et les pilleurs. Des chercheurs australiens ont découvert un site rempli de fossiles : des araignées, des cigales, des poissons datant de plus de 10 millions d’années. Des espèces également inconnues jusque-là et qui dévoilent le climat passé dans cette région du monde.
Les paléontologues ont retrouvé des restes de plantes à fleurs, des pollens, des poissons et des plumes
McGraths Flat est le nom de ce site fossilifère. Découvert en 2017 mais révélé seulement début janvier, c’est un site situé en Nouvelle-Galles du Sud, à environ 300 kilomètres de Sydney. Les chercheurs ont découvert une grande concentration de spécimens très bien conservés. C’est un site exceptionnel selon les spécialistes comme Cédric Del Rio, paléobotaniste au Muséum national d’histoire naturelle à Paris : « on a trouvé des fossiles qui ont une préservation exceptionnelle de tissus, de spores, de stomates mais également des tissus mous pour les insectes et le contenu gastrique de poissons ». Les paléontologues ont retrouvé des restes de plantes à fleurs, des pollens, des poissons et des plumes et de nombreuses espèces inconnues comme des araignées fouisseuses, des cigales géantes ou encore d’autres insectes. Grâce au pollen, les chercheurs ont pu dater ces fossiles : « ces fossiles datent du milieu du Miocène ».
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Le Miocène est une période qui court de 23 millions d’années à 5 millions d’années. Mais ces fossiles eux, datent d’il y a 14 millions d’années : « les feuilles réagissent à leur environnement on peut donc situer le milieu et la température grâce à ces feuilles en fonction de leurs formes ». L’étude des feuilles retrouvées sur ce site fossilifère a donc permis de confirmer que le climat de l’époque dans cette région australienne n’était pas du tout le climat aride que l’on connaît aujourd’hui : « ces feuilles montrent qu’à cette époque-là, le climat était beaucoup plus humide presque tropical. Mais d’autres espèces indiquent une certaine aridité ce qui nous permet de penser que le milieu du Miocène a connu un changement climatique ».
Les paléontologues vont désormais devoir décrire et nommer tous les spécimens retrouvés sur place
Ce site a figé l’impact du changement climatique en cours à l’époque et livre un aperçu inédit des écosystèmes uniques qui vivaient dans cette région il y a 14 millions d’années, dans un climat de forêts tropicales mais en cours d’aridification, sans pour autant faire de conclusion sur le changement climatique que nous connaissons aujourd’hui. « Ce site-là ne permettra pas de dire ce qui se passera dans l’avenir mais par contre on peut voir qu’il y a des groupes qui s’en sortent plutôt bien et d’autres qui se sont éteints au niveau local » affirme Cédric Del Rio. Les premiers résultats des fouilles ont donc été révélés au début du mois. Et ce n’est qu’un début car les paléontologues vont désormais devoir décrire et nommer tous les spécimens retrouvés sur place. L’étude gastrique des poissons devrait permettre aussi de mieux comprendre les relations entre les espèces.
Baptiste Gaborit