Au Kenya, la lutte contre le braconnage porte ses fruits

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Aujourd’hui, le lundi 4 octobre est la journée mondiale des animaux. Sur le front de la biodiversité, les bonnes nouvelles sont suffisamment rares pour ne pas être mises en valeur : au Kenya, les populations d’éléphants et de rhinocéros sont en hausse.

« En 2017, il y avait 1250 rhinocéros au Kenya, aujourd’hui nous en sommes à 1739 »

Autre bonne nouvelle, aucun braconnage de rhinocéros n’a eu lieu dans le pays l’an dernier. Selon Lionel Hachemin, chargé de campagne pour IFAW, Fonds international pour la protection des animaux et spécialiste de la criminalité liée aux espèces sauvages, « c’était la première fois depuis 1999 qu’il n’y a eu aucun incident de braconnage sur les rhinocéros blancs et noirs. On constate une augmentation de 11% de la population de ces animaux entre 2019 et 2020. En 2017, il y avait 1250 rhinocéros au Kenya, aujourd’hui nous en sommes à 1739 ».

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Des résultats qui ne doivent rien au hasard puisque le pays a pris depuis une décennie, une série de mesures contre le braconnage : dans les parcs naturels on trouve des rangers mieux formés, mieux équipés et il y a plus de collaboration avec les populations locales. Le tout est organisé par le Kenya Wildlife Service, en charge de la protection de la faune sauvage dans le pays. Pour Lionel Hachemin, « le Kenya Wildlife Service s’est attaché à sécuriser les parcs naturels avec plus de patrouilles anti-braconnage, mais aussi à perturber les réseaux criminels qui trafiquent les cornes de rhinocéros. Il y a également un travail du gouvernement qui va s’assurer de l’application des lois et de la sévérité des sanctions qui peuvent aller jusqu’à la perpétuité ».

Les populations d’éléphants ont connu une hausse de 21% par rapport à 2014

Les rhinocéros sont braconnés pour leurs cornes, très prisées notamment en Asie où on leur prête des vertus médicinales. Un trafic lié au crime organisé qui est très structuré. Les efforts du Kenya ont permis également de relever les populations d’éléphants : +21% par rapport à 2014. Même si cela reste encore fragile, Charlotte Nithart de l’ONG Robin des bois, auteur de l’atlas du business des espèces menacées, affirme qu’il y a 32 580 éléphants qui ont été repérés grâce aux surveillances faites par l’Etat. Il faut se souvenir que dans les années 70, ils étaient 180 000. On est encore loin selon elle, de revenir à des populations d’éléphants à l’abris d’une extinction. Ce sont des efforts qu’il faut maintenir.

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Ces chiffres précis du nombre d’éléphants ou de rhinocéros ont été publiés le mois dernier grâce au premier recensement effectué à l’échelle nationale dans le pays. 60% du territoire est couvert avec des repérages en avion et sur le terrain qui permettent de protéger la faune sauvage. Pour Charlotte Nithart, « cela permet de savoir où sont les animaux. Le Kenya a aussi pour objectif de développer le tourisme et donc de montrer aux touristes ou les animaux sont présents. Cela permet de faire des choix en termes d’infrastructures et d’aménagement des territoires pour ne pas construire de route sur les corridors de migration ». Toutes ces initiatives font du Kenya un leader dans ce domaine. D’autres pays, comme l’Ouganda ou le Gabon mettent eux aussi, des moyens dans la lutte contre le braconnage.

 

Baptiste Gaborit 

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