C’est une histoire à peine vraisemblable et qui relance le débat sur le transport des animaux vivants en mer. Pendant 2 mois et demi, deux cargos-bétaillères, avec à bord au total plus de 2600 bovins, ont erré en Méditerranée. Aucun port n’a voulu des animaux qu’ils transportaient. L’un des deux navires est toujours en mer…
Le cargo-bétaillère L’Elbeik est toujours en mer, au large de Minorque en ce moment
Le Karim Allah et l’Elbeik sont partis tous les deux des ports espagnols de Carthagène et de Tarragone le 18 décembre dernier. A bord du Karim Allah, 895 jeunes taureaux doivent rejoindre la Turquie. L’Elbeik, lui, transporte 1800 bovins partis initialement pour la Libye, sauf que les deux navires ont été refoulés à l’arrivée.
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C’est le début d’une errance de plusieurs semaines en pleine Méditerranée. Sans jamais donc trouver preneur, le Karim Allah a fini par rentrer à son port d’origine fin février. Tous les animaux ont été abattus au pied du bateau puis envoyés à l’équarrissage. L’Elbeik lui est toujours en mer, au large de Minorque en ce moment. Il va sans doute lui aussi rentrer en Espagne.
Interdire l’exportation d’animaux vivants hors Union Européenne, seule solution selon des ONG
Les animaux auront donc passé presque 3 mois en mer, dans des conditions terribles selon les ONG. « Avec le mouvement incessant de l’eau et les enclos bondés, cela favorise les blessures entre animaux, les maladies, sans compter les émanations d’ammoniaque issues des excréments qui s’accumulent au cours du trajet », explique Adeline Colonat de l’association de défense des animaux Welfarm. Plus d’une centaine de bovins seraient déjà morts à bord de l’Elbeik. Une histoire qui est remontée jusqu’à Bruxelles, où se tient en ce moment une commission d’enquête sur la protection des animaux pendant les transports. La présidente de cette commission parle de cauchemar, « ce type d’exportation doit cesser » dit-elle. Et cet exemple n’est pas un cas isolé selon Léopoldine Charbonneaux de l’ONG CIWF, il n’y a qu’une solution selon elle : l’interdiction de l’exportation d’animaux vivants hors Union Européenne. Même avis du côté de L’ONG Welfarm qui a relancé ces derniers jours une pétition sur la fin des transports d’animaux vivants.
Baptiste Gaborit