En 2022, le chiffre d’affaires des jardineries est en baisse de 20 à 25%. Si cette baisse peut être inquiétante, l’année 2021 record pour le secteur et la ruée des Français pour les maisons individuelles permettent d’envisager sereinement l’avenir de ce marché.
Cette baisse de croissance est due à une année 2021 exceptionnelle
Les beaux jours sont de retour. Pourtant, en ce début du printemps, les jardineries ont un peu le blues. Le jardinage c’est une vraie passion française. La maison individuelle avec son petit jardin, c’est le rêve de plein de foyers. Ainsi, c’est un secteur qui sur la durée se porte bien. On parle d’un marché de plus de 3,5 milliards d’euros. Le secteur donne du travail à plus de 20 000 salariés dans des grandes chaînes comme Jardiland ou Truffaut ou des petits indépendants. Les premiers ont plus de 1700 points de vente, les seconds en ont un peu plus de 400. Pourtant aujourd’hui, ils font tous un peu la tête.
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En effet, le secteur s’inquiète. On remarque que si les Français ont toujours envie de planter ou d’entretenir leurs pelouses et leurs parterres de fleurs, ils dépensent tout simplement moins. En conséquence, le chiffre d’affaires est en baisse de 20 à 25% pour l’ensemble du secteur. Ce sacré gadin semble à notre avis plus conjoncturel que structurel. Sur la longue durée le jardinage avait tendance à croitre de 2 à 3% par an. C’est une croissance moyenne solide qui résistait relativement aux crises. Simplement, avec le Covid, le secteur a joué aux montagnes russes. En mars 2020 lors du premier confinement, les magasins ont été fermés car jugés non essentiels. Mars c’est le début du printemps, c’est la période la plus importante de l’année. C’est comme si on fermait les magasins de jouets à Noël ou les chocolatiers à Pâques. Sur l’ensemble de 2020, le secteur avait réussi à limiter la casse avec une toute petite croissance de 1%. Mais en 2021, un vent de liberté avait soufflé, les consommateurs s’étaient précipités et du coup les ventes avaient bondi de 15% pour repasser nettement au-dessus des niveaux de 2019. Donc si aujourd’hui, il y a un recul, c’est parce qu’on se compare à une année dernière record.
Alimentation humaine et animale, les jardineries élargissent leur offre
Il ne faut donc pas trop s’inquiéter pour le secteur. Certes, une crise même ponctuelle peut faire mal. Si les ventes reculent de 25% il est vrai que certains magasins vont souffrir. Il ne faut pas minimiser pas le problème mais il est nécessaire d’être confiant sur la durée. En effet, avec le Covid les Français veulent encore plus qu’avant une maison ou une terrasse. Cela va durablement tirer la demande, ensuite parce que le côté « nature » c’est une tendance aussi porteuse. Enfin, parce que les jardineries élargissent leur offre, elles ne vendent pas que des outils ou du terreau. Elles se diversifient de plus en plus et proposent des barbecues dont les prix peuvent être élevés, se mettent sur le marché de l’alimentation en circuit court et misent souvent sur le bio ou les produits locaux. Elles misent aussi sur l’alimentation pour les animaux domestiques. L’avantage des hommes, des chiens et des chats c’est qu’ils mangent tous les jours de l’année. Si les jardineries arrivent à devenir des acteurs sur ce segment, on s’y rendra plus souvent et on profitera peut-être pour acheter des petits outils ou un truc à planter. La clef pour le secteur sera donc de désaisonnaliser, c’est-à-dire que les jardineries vont devoir devenir plus insensibles aux saisons.
David Barroux