Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, voit les choses en grand. Il souhaite doubler la part du train dans les transports d’ici 2030.
La SNCF va commander des nouveaux trains, plus verts et emportant davantage de passagers
C’est vraiment l’application concrète de ce vieux slogan : « à nous de vous faire préférer le train ! ». Jean-Pierre Farandou a même donné un nom très simple à cette ambition : son « programme x 2 ». C’est valable dans le trafic des voyageurs, qui est aujourd’hui de 10% et passerait donc à 20% comme dans le fret, où le ferroviaire représente actuellement 9% du transport de marchandises et irait donc à 18%. Pour être tout à fait honnête, le patron de la SNCF vise la décennie 2030, pas forcément le 1er janvier de la première année de cette décennie, mais l’objectif reste considérable. Comment compte-t-il y arriver ? Le schéma actuel est basé uniquement sur la rénovation des lignes principales et cela ne va pas suffire. Jean-Pierre Farandou veut donc « monter en puissance et créer des lignes ». On en connaît déjà certaines : Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, Montpellier-Perpignan ou encore Marseille-Nice. Autre levier : dans les 13 grandes métropoles, le PDG de la SNCF veut transformer les TER pour en faire des RER, comme en Île-de-France. Mais quelle est la différence ? La fréquence, avec un train tous les quarts d’heure plutôt que toutes les heures et une distance bien plus courte entre les gares.
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Un TER roule généralement en surface depuis la gare centrale d’une ville pour aller directement à la gare centrale d’une autre. Un RER, lui, est dans des tunnels au cœur de l’agglomération et peut desservir différents grands quartiers d’une ville. L’autre moyen de doubler la part du train est de mettre à la retraite les vieux postes d’aiguillage et construire une commande centralisée du réseau. Rien que ça, c’est un délice potentiel pour les ingénieurs et un cauchemar potentiel pour les usagers en cas de bug ou de panne électrique, c’est arrivé il n’y pas si longtemps. On sait aussi qu’une signalisation plus performante va être déployée. Le PDG d’Alstom Henri Poupart-Lafarge en a parlé récemment dans Les Echos. Cela permettra de mettre des trains à une plus grande fréquence et donc plus de trains sur les mêmes rails y compris sur des tronçons aujourd’hui considérés comme saturés, à l’image de la ligne à grande vitesse Paris-Lyon. Enfin le dernier levier est de commander des nouveaux trains, plus verts et emportant plus de passagers. Le fameux TGV du futur, embarquera dès 2024, 20% de passagers en plus sans être plus long et sans réduire votre espace pour les jambes.
Les transports représentent en France 31% des émissions de CO2 et le train seulement 0,3%
Le sens de cette ambition est l’écologie. « Mobilisation générale » nous dit le PDG de la SNCF, qui assume de s’exprimer juste avant la présidentielle en tant que « patron du système ferroviaire français » dit-il. Si on n’arrive pas à doubler le nombre de voyageurs et de marchandises sur le train, la France ne pourra pas atteindre ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre. Il a fait un petit calcul : les transports représentent en France 31% des émissions de CO2 et le train seulement 0,3%. Donc si on double la part du train, on réalise entre un quart et un tiers de la décarbonation des transports à laquelle s’est engagée la France d’ici à 2030. Tout cela sous réserve aussi que le train lui-même devienne plus propre, plus économe en électricité (je reprends mon exemple du TGV du futur : en 2024, on verra des trains encore plus aérodynamiques).
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Au-delà de l’écologie, Jean-Pierre Farandou voit des retombées pour l’aménagement du territoire, des bénéfices industriels, des emplois chez Alstom et les autres constructeurs mais aussi dans le BTP à la SNCF et chez ses concurrents, qui vont arriver. Le gros bémol est la facture, qui atteindrait plusieurs dizaines de milliards d’euros. Même si le PDG de la SNCF s’en lave un peu les mains, il dit : « je ne fais pas les additions » tout en relevant que nos pays voisins investissent plus que la France dans le rail. « Les politiques devront s’emparer du sujet du financement » mais pas de précisions. Il faut dire qu’il s’était fait taper sur les doigts il y a quelques semaines, en estimant que les avions n’étaient pas assez taxés. Le gouvernement lui avait suggéré de rester dans son couloir.
François Geffrier
Ecoutez les explications de François Geffrier à 6’20 :