Piscines non déclarées repérées grâce à Google : L’expérimentation du fisc fait plouf !

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Le Parisien s’intéresse ce 4 avril à une expérimentation concernant les piscines non déclarées. En s’associant avec Google, l’administration fiscale pensait avoir trouvé l’arme ultime pour détecter la fraude. Pourtant l’intelligence artificielle ne tient pas toutes ses promesses !

Plus de 30% d’erreurs pour un contrat à 20 millions d’euros

Une expérimentation est lancée depuis un an pour détecter automatiquement les piscines non déclarées par les contribuables, et ainsi leur faire payer 300 euros de taxe foncière supplémentaire. L’efficacité de ce contrat à 20 millions d’euros, passé entre la direction générale des finances publiques, Google et le groupe Capgemini, est remis en question. En effet, Capgemini a mis au point un système basé sur une intelligence artificielle fournie par Google, qui analyse des photos satellites de la base de données d’images de l’IGN. Si au début cela semblait fonctionner à merveille (dans les Bouches-du-Rhône, 8 500 courriers de régularisation ont été envoyés à des contribuables ), il y aurait une erreur dans 30% des cas. On remarque effectivement que le logiciel confond les piscines creusées dans le sol et entourées d’un cadre de maçonnerie, avec des bassines hors-sol ou même parfois une simple bâche bleue. D’ailleurs, ce contrat devait aussi permettre de repérer les bâtiments non déclarés. Pourtant, les autorités ont abandonné cette idée car le système n’arrive pas à faire la différence entre un bâtiment habité et une pergola ou un abri pour voiture. On note cette fois près de 80% d’erreurs, avec des parkings ou des trottoirs confondus pris pour des bâtiments.

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L’intelligence artificielle confond les piscines creusées et les bassines hors-sol

Comment le ministère des Finances fait-il alors pour rattraper les erreurs de l’algorithme ? Les géomètres de l’Etat doivent vérifier, à la main, une grande partie des cas que leur signale l’intelligence artificielle (IA). N’ayant pas le temps d’aller sur le terrain ou de faire du porte-à-porte, ils en reviennent ironiquement à Google. Grâce au système Street View, qui recense des millions de photos prises dans les rues, les autorités tentent de déceler les fraudeurs. De cette histoire, on peut retirer au moins 3 leçons. D’abord l’IA n’est pas encore au point. Si dans de nombreux domaines on nous promet une technologie qui apprend toute seule et s’améliore, l’IA est bien souvent un simple algorithme qui effectue « bêtement » la tâche qu’on lui donne, sans improviser et sans changer d’approche. Après la polémique McKinsey, cette histoire va également donner des arguments à ceux qui pourfendent les sociétés privées auxquelles l’Etat fait appel pour être plus efficace. Pour finir, cela illustre la complexité des normes et des règles que s’impose la France pour taxer les Français. Imposer différemment une petite piscine construite et une grande piscine hors-sol souligne en effet les incohérences de la règlementation française.

François Geffrier

Ecoutez François Geffrier (à 5’50) :

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