L’inflation est à nouveau en une du journal Les Echos ce matin, avec un message : l’inflation n’a pas fini de frapper le pouvoir d’achat des ménages ! Jusqu’à la fin de l’année 2021, l’inflation était une menace, mais les choses ont changé.
L’inflation pourrait atteindre au moins 5% sur le premier semestre 2022
Il y avait déjà la hausse des prix de l’essence et de l’énergie mais en magasin, le prix des articles de grande consommation n’avait pas encore franchement bougé. Il y avait de l’inquiétude, il y avait un ressenti car certains produits peu transformés comme les pâtes, l’huile, la farine ou le sucre avaient déjà vu leur prix grimper mais globalement la situation restait sous contrôle. Ce n’est plus le cas. En avril, selon le cabinet IRI, les prix des articles de grande consommation que l’on trouve en supermarché ont bondi de presque 3%. Et la hausse est de 3,3% au rayon alimentation, sans compter que cette inflation ne prend pas encore en compte l’impact des perturbations liées à la guerre en Ukraine. Cela viendra après l’été. On est parti pour une inflation dans la grande conso d’au moins 5% sur la première moitié de l’année et de malheureusement de 7 à 10% sur tout 2022.
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Qu’est-ce que cette inflation qui s’installe va changer pour les consommateurs et les entreprises ? Les plus aisés ne vont sans doute pas changer grand-chose dans leurs habitudes d’achats même si comme les moins aisés ils iront peut-être un peu plus chez les discounters comme Lidl, Aldi ou Action. Les moins aisés vont faire des arbitrages. Leur pouvoir d’achat n’étant pas extensible ils vont acheter plus d’articles premiers prix, moins de produits transformés qui coûtent plus cher. Ils vont réduire les achats d’impulsion ou les achats plaisirs et repousser certaines dépenses non-indispensables. Les industriels eux vont essayer de revoir leurs recettes et leurs packagings. Ils vont essayer d’être plus efficaces, de faire des économies, de peut-être réduire la quantité de produit dans un paquet, on fera des yaourts de 90 grammes et pas de 100, on mettra moins de M&M’s dans le paquet, moins de fromage sur la pizza, et puis ils feront pression sur leurs propres fournisseurs.
Le chèque alimentation pour les ménages les moins aisés pourrait être une bonne solution
Le gouvernement ne peut pas arrêter une vague mondiale en décrétant qu’il va bloquer les prix. Il ne peut pas non plus prolonger indéfiniment des boucliers tarifaires comme il le fait sur le gaz ou l’électricité. Il ne peut pas offrir pendant des années des ristournes sur le plein de Super. Ceci dit, on n’est pas dans la situation des pays qui vivent avec une hyper inflation de 30 à 60% par an. Donc le gouvernement peut aider les entreprises à accorder des primes en jouant de la fiscalité, pour donner un coup de pouce ponctuel au pouvoir d’achat. Mais il ne va pas militer pour des hausses généralisées et massives des salaires, car cela nourrirait l’inflation de demain. Il peut aussi mettre en place des chèques alimentation pour les ménages dans le besoin. C’est une mesure qui coûterait moins cher et sera plus efficace qu’une baisse de la TVA. Elle sera l’une des priorités du prochain gouvernement, c’est une certitude.
David Barroux